Le poids et l’ampleur du marché des produits de soin et de santé pour animaux familiers en font un secteur très concurrentiel, tant au niveau des fabricants que des dispensateurs et des distributeurs. Largement dominé par le circuit des cabinets vétérinaires, il pourrait cependant agir comme un levier de croissance pour la pharmacie qui dispose d’atouts pour développer le rayon.
Pour ceux qui douteraient encore du potentiel que renferme le rayon des produits vétérinaires à l’officine, les chiffres parlent d’eux-mêmes : 3,5 millions de personnes franchissent chaque jour le seuil d’une officine en France, dont la moitié possède un animal de compagnie…
De quoi laisser rêveur, sauf si l’on considère la part occupée par l’officine sur le marché global du médicament vétérinaire (animaux domestiques et de rente) qui n’excède pas 5 %, alors que le circuit vétérinaire en monopolise 80 %, le reste revenant aux groupements d’éleveurs.
« L’animal de compagnie est une activité qui, au total, génère 500 à 600 millions d’euros en sorties grossiste, précise Jacky Maillet, président de l’Association nationale de la pharmacie vétérinaire d’officine (ANPVO). Un relais de croissance tout trouvé pour un circuit officinal régulièrement en état d’asphyxie. D’autant que le pharmacien, premier ayant droit en matière de dispensation du médicament, a toute légitimité sur ce marché, comparé aux vétérinaires qui n’ont accès au médicament qu’à titre dérogatoire. »
Bien-être et nutrition animale
Aux côtés des traitements médicamenteux (antibiotiques, anti-inflammatoires, antihistaminiques, traitements hormonaux…) du champ vétérinaire, certains produits destinés au bien-être des animaux domestiques auraient d’ailleurs le vent en poupe. « Les aliments diététiques indiqués en cas de pathologies telles que le diabète, l’hypertension (…) se développent en pharmacie. Ils coexistent avec un autre type de nourriture, l’alimentation physiologique, plutôt vendue en GMS et en animalerie/jardinerie. »
Certaines gammes d’aliments physiologiques, comme Advance (Affinity), sont déjà mises en avant en pharmacie, mais d’autres marques également présentes sur le circuit (Royal Canin, Proplan, Hill’s, Specific, Virbac HPM), bien que proposées principalement en animalerie, jardinerie ou cabinets vétérinaires, pourraient considérer le circuit pharmaceutique avec un intérêt croissant. Ses spécificités - multiplicité des points de vente, force de conseil et de service, relationnel clientèle, commerce de proximité, forte présence dans les centres-villes - placent en effet l’officine en bonne position sur la liste des distributeurs potentiels de petfood.
Pour Frédéric Castets, responsable du département vétérinaire de CERP Rouen, Cedivet, le potentiel du segment alimentaire ne fait pas de doute : « Un tiers des propriétaires d’animaux familiers ont recours, pour les nourrir, à une alimentation de qualité étudiée pour répondre à des besoins nutritionnels très différents. » Ce type d’aliments, qualifiés de « super premium », abrite des formules pour animaux sains centrées sur le bien-être, ainsi que des préparations étudiées pour répondre aux besoins de l’animal malade.
« Cette catégorie d’aliments premium est intéressante à développer pour le pharmacien parce qu’elle correspond au niveau de qualité en terme d’offre que le circuit propose habituellement et qu’elle permet d’augmenter la fréquentation du lieu. » Dans les grosses agglomérations où les distributeurs d’aliments premium sont généralement excentrés en bordure de ville et moins faciles à atteindre, les commerces de proximité tels que l’officine ont tout particulièrement intérêt à se lancer.
« Il suffit d’informer la clientèle sur l’activité naissante et de se fournir à la demande, du moins pour le démarrage. Ceux qui redoutent le stockage - il existe plus de mille références d’aliments pour animaux - peuvent se concentrer sur la nourriture pour chat, facile à gérer avec ses petits formats, et très demandée, notamment les formules pour chat stérilisé. » Les compléments alimentaires sont un autre segment du champ de la nutrition animale sur lequel le pharmacien peut miser. Il ne peut, en revanche, les développer sans posséder une bonne connaissance des besoins des sujets concernés, et ce afin d’éviter d’éventuels cas de surdosage en vitamines par exemple (hypervitaminose A chez le chat).
Les APE en tête
La plus grande part des produits vétérinaires vendus sous l’enseigne de la croix verte est cependant de toute autre nature qu’alimentaire. Ce sont en effet les antiparasitaires internes (vermifuges) et externes qui occupent 65 % du marché officinal, en volume comme en valeur, près des trois quarts du chiffre étant généré par la vente d’antiparasitaires externes (APE).
Un domaine dans lequel la marque Frontline (Merial) s’est spécialisée comme l’illustre son spot-on de dernière génération Frontline Tri-Act, voué à protéger le chien des tiques, puces et moustiques de façon rapide et durable. Une nouveauté qui fera l’objet d’un plan de communication télévisé dès le printemps prochain. D’autres marques telles que Advantix/Advantage/Seresto/Drontal (Bayer Santé Animale), Synergix/ Ascatryl (Biocanina), Fiprokil/Insectifuge Naturelle (Clément Thékan), Milbemaxtab/Capstar (Novartis Santé Animale), Effipro (Virbac), entre autres, abritent des antiparasitaires.
Dans ce secteur, l’innovation est apportée par la galénique. « Au sein des APE, la forme spot-on avait révolutionné le marché à son époque, mais aujourd’hui elle est détrônée par celle des comprimés, des antiparasitaires externes qui s’administrent par voie orale, explique Frédéric Castets. En une seule prise, l’animal est protégé pendant un à trois mois. »
Une prouesse galénique qui n’éclipse pourtant pas l’innovation à l’œuvre dans les principes actifs. En témoignent les dernières molécules présentées en matière d’antiparasitaires, dont l’effet 2 en 1 est capable de préserver l’animal des parasites internes (vers) et externes (puces et tiques), spectre également obtenu grâce à des formules composées.
Ces dispositifs, sur prescription, n’ont pas encore profité au circuit pharmaceutique, dont les ventes en matière de produits pour animaux ont régressé en 2015. « Les innovations sont logiquement développées au sein du circuit vétérinaire. C’est le cas des antiparasitaires externes sous forme de comprimés qui ont investi les cabinets vétérinaires en reléguant, à tort, le spot-on au rang des formes galéniques dépassées. De ce fait, toute une partie de ce segment a échappé aux officinaux l’an dernier, tandis que les vétérinaires ont vu leurs ventes augmenter. » Des circonstances que la météo, qui a joué en défaveur des parasites préférant un temps chaud et humide, a encore aggravées.
Si le marché total des produits vétérinaires relevant du monopole (médicaments dont traitements internes et externes, petfood diététique) a pesé 1,5 milliard d’euros en 2014, tous circuits confondus (sorties grossistes), la pharmacie n’y a contribué qu’à hauteur de 7 % ; 65 % des ventes du circuit sont vouées aux antiparasitaires, le reste étant assuré par les renouvellements d’ordonnances - avec, par ordre de fréquence, l’insuffisance cardiaque, l’arthrose, le diabète, l’insuffisance rénale - et les produits d’hygiène et de soin (auriculaire, buccale, oculaire, dermatologique).
Un dernier segment - sur lequel on trouve des marques comme Biocanina, Clément Thékan, Virbac (…) - que le Laboratoire Merial entend bien investir en présentant au printemps prochain une toute nouvelle gamme du nom de Frontline Pet Care.
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