Des services conventionnés
L’ère des nouveaux services s’est largement accélérée avec les entretiens conventionnés proposés par l’assurance-maladie : AVK et asthme. S’ils n’ont pas toujours apporté satisfaction (quant à la rémunération, à la sélection des patients…), ils ont contribué au large tournant qu’a pris la pharmacie vers les services monétisables.
Les groupements sont largement intervenus pour faciliter la tâche à leurs adhérents dans ces nouvelles missions issues de la loi HPST en proposant des formations en séances individuelles ou collectives, des outils pratiques, des guides méthodologiques, des démarches complètes d’entretien. Par exemple, « nous avons proposé un outil web convivial pour réaliser ces entretiens de façon rapide et simple, faciliter la transmission à la sécurité sociale, et permettre ainsi d’augmenter le nombre d’entretiens réalisés », explique Anne-Hélène Lebec, pharmacienne responsable et directrice des affaires pharmaceutiques chez Giphar.
Un changement de posture
Outre ces outils concrets, une autre démarche inhérente à ces nouveaux services a été l’accompagnement sur le changement de posture du pharmacien. C’est ce qu’explique Stéphanie Corre-Le Bail, Directrice Santé Qualité Formation chez Giropharm : la culture du service nécessite plus de pro-activité, et implique de mener des actions en amont plutôt qu’en réaction à une demande. De plus, la pharmacie ayant longtemps été un lieu de gratuité, il y avait beaucoup de freins à entrer dans une ère de monétisation de sa compétence. Les box-santés proposées par le groupe PHR allaient également dans ce sens en étant une façon d’amener à vendre du service en associant produits + services. Une fois lancés, les pharmaciens ont répondu présents pour proposer de nouveaux services et les groupements leur en ont donné les moyens en communiquant sur ces services via l’officine, les sites internet, la presse et la radio.
Des dépistages
Les groupements se calent souvent sur la campagne nationale du diabète pour proposer des animations spécifiques. Giphar propose ainsi à cette période des dépistages (gratuits sur cette période de l’année) sur une population ciblée (patients de plus de 45 ans ne connaissant pas leur valeur glycémique) : « nous préparons ces opérations de A à Z pour proposer un « kit clé en main ». Non seulement cela permet d’affirmer le rôle du pharmacien mais en plus une mobilisation de plus en plus grande des pharmaciens vers ces services nous permettra, en concentrant les résultats, d’obtenir des données de santé publique, par exemple en connaissant quel taux de patients avec une glycémie élevée avait un ou des facteurs de risque… ». Le groupement PHR propose à ses pharmacies-enseignes de s’équiper d’un appareil CR3000 permettant au patient de s’autodiagnostiquer (valeurs de glycémie, cholestérol…).
Le décret d’août 2016 offre à nouveau la possibilité aux pharmaciens de réaliser les TROD (tests rapides d’orientation diagnostique) en officine (grippe, glycémie, angine à streptocoque) depuis août 2016 : là encore les groupements peuvent faciliter l’achat de tests, proposer des procédures d’assurance-qualité, des fiches-patient.
Prévention, éducation thérapeutique : les thématiques
Différentes thématiques sont mises en avant selon les groupements.
Ainsi par exemple, le groupe PHR met l’accent sur la nutrition en proposant la possibilité aux pharmaciens d’organiser des après-midi ateliers avec une diététicienne en officine (avec des cours de cuisine diététique, la distribution de recettes…). En ciblant des personnes prédisposées au diabète ou à l’hypertension, aborder la nutrition permet directement de prévenir le risque cardiovasculaire.
Autre exemple : le groupement Giphar se lancera en avril dans une nouvelle campagne contre le cancer en proposant un protocole de dispensation d’un anticancéreux, permettant au pharmacien de se former et de se positionner comme un point d’entrée en effectuant des entretiens individuels au sein de son espace de confidentialité, en fournissant de l’information au patient, en l’orientant vers d’autres professionnels de santé si besoin.
D’autres thématiques sont portées par les groupements : la DMLA, l’aide au sevrage tabagique, le suivi de la femme enceinte.
La PDA
Les groupements accompagnent aussi les pharmaciens dans la mise en place de la PDA. Ainsi le groupe PHR propose des guides méthodologiques mais aussi son aide à la mise en œuvre de partenariats. « La PDA peut aussi être une aide à certains patients en ambulatoire », ajoute Stéphanie Corre - Le Bail, du groupement Giropharm : la société évoluant, la jeune génération est plus demandeuse de services, ce qui offre des perspectives sur un service à plusieurs niveaux qui irait de la préparation des piluliers à la livraison, jusqu'à un bilan médication à domicile. Le groupement Giphar propose également des outils, des prix de service, des choix de piluliers et organise des réunions entre pharmaciens du réseau pour partager leurs expériences sur leur mise en place de la PDA.
Autres nouveaux marchés
Des guides méthodologiques et de l’accompagnement sont également proposés par certains groupements pour faire des propositions de services dans différents marchés : EHPAD (comme des interventions de diététiciennes…), PME (pour un plan prévention santé), maintien à domicile…
Exploitation des nouvelles technologies
Pour Lucien Bennatan, président du groupe PHR, « le suivi du patient c’est aussi de la prévention », c’est pourquoi le groupe permet d’améliorer le suivi de patients grâce à la consultation dans l’officine de tablettes tactiles (concept de web-bar) prodiguant des conseils et de l’information, à des applications permettant aux patients de recevoir des alertes pour le renouvellement de leur ordonnance, des plans posologiques de leur traitement, des conseils santé… : « le parcours du patient doit être sans couture, de la possibilité de géolocaliser une officine avant d’y entrer jusqu’à un suivi général. »
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