L’HEURE EST à la préparation des fêtes de fin d’année et les illuminations des villes font oublier un instant le froid qui s’abat sur le pays. L’hiver sera rude, prédisent certains. Les épidémies saisonnières aussi ? Selon une étude Ifop réalisée pour le laboratoire UPSA (1), 34 % des personnes interrogées estiment en effet que les températures basses représentent le principal facteur expliquant le nombre important de malades en hiver. Et logiquement, 64 % des sondés se couvrent chaudement pour éviter de prendre froid. De l’observation et du bon sens, étant donné la saisonnalité des épidémies virales dans les zones tempérées ! D’ailleurs, le terme scientifique influenza (qui a donné le mot anglais flu) viendrait de l’appellation italienne « influenza del freddo » utilisée à la Renaissance pour qualifier la grippe, et suggérant « l’influence du froid » sur cette maladie. A-t-on réellement plus de risque de tomber malade quand il fait froid ? Selon les connaissances actuelles, l’augmentation de l’incidence des maladies en hiver serait surtout favorisée par les conséquences du froid sur l’organisme et sur notre mode de vie. Par temps sec et froid, l’assèchement des muqueuses nasales et respiratoires entraînerait un affaiblissement de la résistance immunitaire et faciliterait l’entrée des agents pathogènes. En outre, le confinement à l’intérieur des maisons et dans les lieux publics privilégie la circulation des agents pathogènes et la transmission interhumaine. D’après l’OMS (Organisation mondiale de la santé), le virus de la grippe serait également plus résistant par temps sec et froid.
Ce qu’on fait (ou pas) pour ne pas être malade.
Le vaccin contre la grippe reste ainsi le meilleur moyen de prévention disponible. Concernant les autres infections hivernales, plusieurs gestes simples permettent de minimiser leur transmission parmi lesquels l’incontournable lavage des mains au savon ou avec une solution hydroalcoolique. Pourtant, seulement 40 % des personnes interrogées par Ifop assurent se laver plus souvent les mains pour limiter le risque de contamination. La consommation importante de fruits et de légumes et l’utilisation de « remèdes de grand-mère » (tisane, grog) sont citées respectivement par 30 % et 25 % des sondés comme des astuces pour passer l’hiver sans être malade, tandis que 12 % des personnes interrogées auraient recours à une automédication préventive. La cure de vitamine C reste un moyen de prévention utilisé par près d’un quart des sondés. Un bon réflexe, mais ça ne suffit pas.
Le paradoxe français ?
Finalement, cette enquête révèle un certain paradoxe en terme de comportement. Les personnes interrogées semblent connaître les situations à risque de transmission microbienne et les enjeux d’une prévention efficace. Pour 32 % en effet, la promiscuité dans les transports en commun (11 %) et le confinement au travail et au domicile (12 et 9 %) favorisent les maux de l’hiver. De même, un tiers des personnes interrogées disent avoir peur de contaminer leur entourage. Pourtant, excepté le lavage des mains, les moyens de prévention validés et préconisés par l’INPES (Institut national de prévention et d’éducation pour la santé) tels que l’aération régulière des maisons, l’utilisation de mouchoirs jetables, le port de masque chirurgical ou le fait d’éviter les lieux fréquentés ne semblent pas suivies, du moins elles ne sont pas mentionnées dans cette étude. Limite de l’enquête ou manque cruel de visibilité des messages de prévention ?
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