LE QUOTIDIEN DU PHARMACIEN.- Pouvez-vous nous raconter, en quelques mots, la genèse de ce projet ?
SANDRA CHASSELOUP.- J’avais réalisé ma thèse d’exercice sur le thème de la qualité de la dispensation des médicaments à l’officine. Dans le cadre de ce travail, j’avais décomposé mon propos en deux parties : la première concernait les procédures de dispensation des médicaments prescrits, la seconde présentait des arbres de décision destinés au conseil officinal pour des plaintes banales telles la toux, les maux de gorge, etc... À la suite de ma soutenance j’ai participé en 2009 à la création du site remedeo.fr qui était le prolongement internet qui permettait la mise en ligne des arbres décisionnels. C’est dans ce contexte que j’ai eu la chance de rencontrer les éditions First qui étaient justement en train de réfléchir à un ouvrage sur l’automédication en France (N.D.L.R., il en existait un aux États-Unis mais difficilement traduisible pour le marché pharmaceutique Français). Je venais de rejoindre le réseau HPI en tant que titulaire d’officine lorsque je me suis engagée dans la rédaction du guide. C’est à ce moment que l’idée de faire participer les confrères HPI à la rédaction du livre s’est naturellement imposée.
Comment justement les pharmaciens du groupe Totum Pharmaciens ont-ils contribué à la rédaction de l’ouvrage ?
HPI est un réseau de pharmaciens indépendants qui travaillent beaucoup selon un système de commissions. Lorsque je suis arrivée avec mon projet d’ouvrage, nous avons créé une commission pour « L’automédication pour les nuls » composée de cinq pharmaciens. Puis nous avons sollicité l’ensemble des membres du réseau HPI. Nous avons rédigé des fiches-types pour chaque symptôme et chaque pharmacien devait en suivre le plan. Les membres de la commission étant chargés de centraliser les contributions pour les relire et les harmoniser.
Quel était le cahier des charges de ces contributions ?
Nous avions réalisé un plan très détaillé, et mis en place une charte pour sélectionner les médicaments selon des critères définis. Par exemple, lorsqu’il existait un générique on mentionnait le médicament en DCI, ou encore on choisissait les galéniques qui correspondaient au plus grand nombre de présentations… Quant à la base de travail, elle était essentiellement constituée par ma thèse complétée par les arbres décisionnels mis en ligne sur remedeo.fr. Nous avons aussi livré aux pharmaciens une bibliographie complète et validée d’ouvrages de référence à suivre. Bien sûr chaque contributeur pouvait aussi faire bénéficier de son expérience et de ses connaissances personnelles, sachant que chacun d’entre eux a pu choisir sa fiche en fonction de ses affinités et de son éventuelle spécialisation.
Pour revenir sur le groupe Totum Pharmaciens, pouvez-vous nous en rappeler l’origine ?
HPI est né il y a 6 ans. Le réseau a d’abord souhaité travailler le fonds de ce qui fait l’exercice officinal : à savoir l’assurance qualité, la gestion informatique, la gestion des achats… Ensuite seulement est venue l’idée de créer un nom de marque. C’est-à-dire il y a environ un an, au moment du lancement du chantier éditorial pour le « L’automédication pour les nuls ». C’est le projet de l’ouvrage qui a permis de fédérer les énergies et de créer véritablement Totum Pharmaciens.
La suite de l’aventure pour Totum Pharmaciens ?
Aujourd’hui nous sommes en train de développer la première pharmacie Totum à Troyes (Aube). Totum Pharmaciens sera une enseigne d’HPI centrée sur le besoin patient. Cette démarche vise par exemple à présenter les médicaments par besoin patient et non plus par marque. Prenons l’exemple d’un linéaire « maux de gorge » : vous aurez en haut les médicaments pour lutter contre l’inflammation, en dessous, les désinfectants, puis les médicaments pour anesthésier, etc... Chaque étagère étant bien sûr étiquetée pour guider ce fonctionnement par étapes de la prise en charge de la plainte. C’est d’ailleurs exactement la démarche respectée dans le livre où chaque symptôme est traité par étapes successives.
L’étape suivante, c’est appliquer cette démarche à la nutrition.
« L’automédication pour les nuls » rappelle dans son chapitre XXI, les 10 questions à se poser avant de s’automédiquer. La première d’entre elles ne devrait-elle pas être : « où est la pharmacie la plus proche ? » ? Autrement dit, quelle place le pharmacien doit-il prendre, selon vous, dans la démarche d’automédication ?
Le livre part du constat que les gens sont chez eux et qu’ils ne sont pas en mesure, ou ne veulent pas, aller voir le pharmacien ou le médecin. De fait, nous sommes partis de cette situation avec la volonté d’encadrer au mieux cette pratique d’automédication au domicile des patients pour la sécuriser. Cela dit, pour chaque symptôme abordé nous avons bien pris soin de préciser à quel moment, et dans quelles circonstances particulières, il convenait de consulter le médecin ou d’aller voir le pharmacien.
Le Dossier Médical Partagé (DMP) fait l’objet d’un paragraphe dans votre guide, pas le Dossier Pharmaceutique (DP). Dommage, alors que l’outil contribue pleinement à sécuriser la démarche d’automédication… Comment expliquez-vous cet oubli ?
Ce n’est certainement pas délibéré. Le DP constituait d’ailleurs un paragraphe complet dans ma thèse. Dans le guide il est vrai que l’évocation du DP est rapide (N.D.L.R., en page 32) mais elle n’est pas totalement absente. Un petit paragraphe y est en effet consacré sous le titre « Pourquoi ne pas ouvrir un dossier pharmaceutique ? » Le DP est désormais entré dans la pratique quotidienne des pharmaciens et des Français.
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