On le sait, l’âge avancé est un facteur de risque important de maladies telles que le diabète, les maladies cardiovasculaires, la maladie d’Alzheimer ou les cancers. Agir sur le vieillissement, c’est donc non seulement « rester jeune » plus longtemps mais c’est aussi prévenir certaines maladies liées à l’âge.
Les utopistes imaginent déjà un traitement contre le vieillissement en lieu et place du traitement contre les démences ou la maladie de Parkinson qui, quant à elles, deviendraient des maladies oubliées…
Le rêve brisé de la DHEA
On n’en parle plus beaucoup et pourtant la DHEA (déhydroépiandrostérone) a connu un fort engouement au début des années 2000. La diminution de sa concentration physiologique avec l’âge, potentiellement responsable des effets du vieillissement (diminution finalement non constante), et sa transformation en hormones sexuelles (testostérone et, à un moindre degré, estrogènes), auraient pu laisser espérer un bel avenir à ce qu’on appelait alors l’« hormone de jouvence ». Mais ses bénéfices n’ont pourtant jamais été établis.
C’est ainsi que l’AFSSAPS affirmait en 2001 que ce précurseur hormonal n’avait apporté aucune preuve de son effet sur les symptômes liés au vieillissement (que ce soit le bien-être, ou les fonctions cognitives, effets cutanés et osseux) et que sa diminution avec l’âge n’était pas si constante, alors qu’a contrario, la DHEA peut entraîner une diminution du HDL cholestérol (et donc d’une augmentation des risques cardiovasculaires) et favoriser ou aggraver des cancers hormonodépendants (sein, prostate, utérus).
La prastérone (autre dénomination de la DHEA) a été inscrite à la pharmacopée en 2003 et peut être prescrite sous forme de préparation magistrale mais aucune spécialité n’existe. La prescription de DHEA reste donc encore déconseillée dans le cadre de la lutte contre les effets du vieillissement en l’état actuel des connaissances.
Mélatonine : mieux dormir, moins vieillir…
La mélatonine est une hormone synthétisée à partir de la sérotonine dans la glande pinéale (épiphyse), avec un pic au milieu de la nuit, entre trois et cinq heures du matin. Elle est impliquée dans la régulation des cercles circadiens lors du décalage horaire et dans l’induction du sommeil. Elle possède également des propriétés antioxydantes importantes.
Ses concentrations diminuant avec l’âge, des chercheurs se sont intéressés à l’impact de l’apport de cet antioxydant sur le ralentissement du vieillissement. Ils ont donc administré l’hormone, lors de diverses études, à des souris, des rats ou à des musaraignes musettes (mammifère insectivore nocturne). Il est apparu que la longévité des cobayes était supérieure (en moyenne de 20 à 25 %) dans les groupes ayant reçu la mélatonine à doses d’hormonothérapie substitutive.
Plusieurs pistes sont possibles pour expliquer cet effet de la mélatonine sur le vieillissement : la stabilisation du rythme circadien qui compense le dérèglement de l’horloge interne et permet de profiter au mieux du sommeil réparateur nocturne, la neutralisation de radicaux libres qui permet de réduire l’apparition ou la gravité de certaines affections, le renforcement du système immunitaire.
Si dans certains pays, il est commun chez les personnes âgées de consommer de la mélatonine pour rester « jeune » plus longtemps, les effets restent encore à prouver et les risques à déterminer.
Le pari fou de la metformine
Également au conditionnel, ce n’est plus une hormone cette fois mais un médicament qui pourrait ralentir le vieillissement : la metformine, commercialisée actuellement dans le diabète de type 2 depuis plusieurs dizaines d’années. Si en France on en parle encore très peu, la Food and Drug Administration (FDA) américaine a donné son accord pour un essai clinique sur la metformine dans le processus de vieillissement (Targeting Aging with Metformin, ou TAME).
En effet, des études chez la souris et chez des nématodes suggèrent que la metformine pourrait influencer des processus cellulaires et métaboliques associés au vieillissement : stress oxydatif et inflammation, sénescence et apoptose des cellules. Elle agirait notamment sur le nombre de molécules d’oxygène libérées dans les cellules. Elle ralentirait le vieillissement et allongerait l’espérance de vie, tout en maintenant les animaux en bonne santé plus longtemps.
D’autres études suggèrent également que la metformine diminuerait la morbidité (maladies cardiovasculaires, cancers) chez les sujets traités. L’essai inclut des sujets âgés de plus de 60 ans, intolérants au glucose mais non diabétiques, Il vise à déterminer si le traitement modifie le profil génétique des sujets âgés par rapport à des sujets plus jeunes.
Ceux qui rêvent encore d’une jeunesse éternelle devront quand même attendre encore un peu.
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