Monsieur René S., 64 ans
Sotalol 160 1 cp/le matin
Furosémide LP 1 gél/j avant le petit-déjeuner
Metformine 500 mg 1 cp matin, midi et soir
Pantoprazole 20 mg si besoin en cas de signes d’œsophagite
Qsp 15 jours, consulter au retour de voyage.
Le contexte
Monsieur S., jeune retraité, part avec sa femme en Égypte. Les voyages ne sont pas déconseillés chez ce senior traité de longue date pour hypertension, diabète et RGO et ayant de plus une vision déficiente : en revanche, ses pathologies chroniques liées à l’âge voire sa dépendance à des soins spécifiques méritent d’être pris en compte.
La survenue d’un incident médical n’étant pas exceptionnelle lors d’un voyage à l’étranger - par décompensation d’un trouble cardiovasculaire en général -, il importe de préparer le trajet comme les activités (durée du voyage en avion, nombre d’escales, altitude du séjour, rythme des visites, importance des activités physiques, structure sanitaire du pays visité, facilités de rapatriement sanitaire, etc.).
Votre conseil
L’adaptation à la chaleur est souvent difficile pour un patient diabétique et/ou cardiaque : l’administration de bêta-bloquant (sotalol) mais aussi d’anticholinergiques ou d’inhibiteurs calciques limite la capacité à réguler la température par la transpiration. La prise d’un diurétique (ici le furosémide) potentialise les troubles hydroélectrolytiques éventuellement liés à la turista mais surtout aggravés par la chaleur. Monsieur R. veillera à se reposer dans une atmosphère climatisée, à boire souvent (boissons encapsulées garantissant la sécurité microbiologique), à prendre plusieurs fois chaque jour une douche fraîche, à manger légèrement et à surveiller la coloration de son urine qui doit demeurer claire (une couleur foncée suggère une déshydratation). La prise d’un inhibiteur de la pompe à proton (pantoprazole), comme celle de tout médicament augmentant le pH gastro-duodénal, limite la protection naturelle à l’égard des germes bactériens, d’où risque de troubles digestifs.
Monsieur S. n’oubliera pas de se munir de son glucomètre, de piles et du consommable, d’une paire de lunettes de rechange, d’un chapeau léger et de vêtements amples en coton ainsi que d’un nécessaire à pédicure (il a une mauvaise circulation, du fait du diabète). Vous le conseillez quant à une crème antisolaire, et à une trousse de médicaments indispensables (antiseptiques, collyres, antalgiques, antinauséeux, laxatif osmotique pour prévenir une constipation aussi fréquente chez le sujet âgé en voyage qu’une diarrhée, etc.).
Monsieur Joël P., 33 ans
Atovaquone/proguanil 1 cp/j
2 boîtes
Le contexte
Monsieur P. part deux semaines dans la région de Manaus (Amazonie brésilienne). Son médecin a prescrit une chimioprophylaxie du paludisme à Plasmodium falciparum. L’association atovaquone + proguanil (Malarone et génériques) inhibe à deux niveaux la synthèse des pyrimidines, et empêche la réplication de l’ADN du parasite. Elle demeure efficace en zone de chimiorésistance aux amino-4-quinoléines (chloroquine, amodiaquine, etc.).
Le prescripteur a oublié de préciser le dosage du comprimé (il n’y a guère d’ambiguïté dans ce contexte : il est, en prophylaxie, de 250/100 mg dès que le poids dépasse 40 kg : il existe un comprimé destiné aux enfants dosé à 62,5/25 mg) et de préciser que la prophylaxie est instaurée la veille ou le jour du départ, pour être poursuivie une semaine après le retour. La prise quotidienne du médicament, à heure fixe, accompagne un repas ou une boisson lactée qui favorisent l’absorption de l’atovaquone. Les effets indésirables se résument à des troubles digestifs transitoires, à des céphalées et à de la toux. Il n’y a pas de contre-indication au traitement (sauf éventuelle insuffisance rénale sévère) et peu de risques d’interactions.
Votre conseil
L’anophèle, vecteur du paludisme, pique au crépuscule et la nuit. À ce moment, la prophylaxie passe par le recours à un répulsif agréé (notamment DEET ou icaridine) appliqué trois fois par jour chez l’adulte, mais retiré (rinçage) avant le coucher (avec alors protection par moustiquaire ou autre). L’application est renouvelée après baignade.
Pendant la nuit, le recours à une moustiquaire imprégnée de perméthrine s’impose. La rémanence est comprise entre 1 et 3 mois si l’imprégnation est faite extemporanément avec un kit vendu en pharmacie ou en magasin spécialisé (mais elle ne résiste guère à plus de 3 lavages…), mais elle va jusqu’à 6 à 8 mois pour une moustiquaire imprégnée industriellement. Ce dispositif est adapté à la protection des femmes enceintes et des enfants.
Il est conseillé d’imprégner (pulvérisation d’un spray ou trempage) les vêtements par de la perméthrine 24 heures avant leur usage. Les vêtements traités restent protecteurs pendant deux mois.
Les huiles essentielles (citral, eugénol, etc.) ne sont pas recommandées en raison d’une mauvaise tolérance et d’une efficacité discutée. N’utiliser les serpentins fumigènes, dont l’efficacité est très médiocre, qu’en extérieur.
Denis T., 45 ans
Diamox 250 mg ½ cp matin et soir 2 jours avant le départ puis pendant le trek jusqu’à retour à une altitude plus basse.
Traitement pour dix jours.
Le contexte
Monsieur T. part pour un trek dans les Andes boliviennes. Ayant été victime du mal des montagnes lors d’un précédent séjour dans l’Himalaya, son médecin lui a prescrit un traitement prophylactique du trouble.
Le mal des montagnes se manifeste quelques heures après l'arrivée en haute altitude par des céphalées, des nausées et des vomissements, des bourdonnements d'oreilles, des palpitations, des vertiges, une fatigue et de l’insomnie. Vers 4 000 à 5 000 m, peuvent survenir brutalement un œdème pulmonaire (toux, essoufflement) voire un œdème cérébral (troubles de l'humeur et du comportement, troubles de la vision, vomissements) : les deux peuvent induire un coma et entraîner le décès. Plus on s'élève, plus le risque d'être atteint augmente : moins de 20 % des randonneurs en souffrent vers 2 000 m et plus de 50 % au-delà de 4 000 m.
L’acétazolamide (Diamox) est indiqué dans le traitement symptomatique du mal des montagnes. La posologie prescrite ici est réduite mais généralement suffisante : la dose proposée par l’AMM peut être plus élevée (2cp/j). Cet inhibiteur de l’anhydrase carbonique accroît l'élimination des bicarbonates, d’où normalisation plus rapide du pH sanguin en cas d’alcalose gazeuse. Le prescripteur s'assure de l'absence de contre-indications (allergie aux sulfamides, antécédents de coliques néphrétiques) et informe le patient des risques de complications (coliques néphrétiques, infection urinaire).
Il est possible de s’en tenir à la prise d’aspirine ou de paracétamol si les signes d’hypoxie restent limités. L’injection d’un glucocorticoïde peut être nécessaire en cas d’œdématisation ou de mal des montagnes résistant.
Votre conseil
Le pharmacien évoque la possible iatrogénie sous acétazolamide : dysesthésies, fatigue liée à la déshydratation, etc. Au-delà du traitement médicamenteux, la prévention du mal des montagnes impose une accoutumance progressive à l’altitude. Elle ne dure que deux ou trois jours en général, parfois plus à très haute altitude : il importe de rester au repos les deux premiers jours lors de vacances à la montagne (ce qui sera difficile lorsque l’on participe à un trek organisé…).
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