L'objectif des insectifuges est d'empêcher le contact entre le moustique et son hôte, l'homme, et d'éviter la piqûre. Plusieurs molécules chimiques ont été développées et sont disponibles dans les produits commercialisés en pharmacie ; DEET (diéthyl-m-toluamide), IR3535 (analogue de la bêta-alanine), picaridine sont les principaux utilisés, par voie topique. L'action répulsive repose sur une perturbation de l'appareil olfactif de l'insecte, qui n'arrive plus à repérer son hôte. L'application est préconisée le matin, ou à la tombée de la nuit, lorsque les attaques de moustiques sont massives. Ces répulsifs sont efficaces sur les insectes diptères (moustiques, moucherons, mouches), mais pas sur les hyménoptères.
Des consignes d'utilisation en fonction des profils et des destinations
Chaque année, les modalités d'utilisation de ces produits répulsifs sont présentées dans les recommandations aux voyageurs. Elles varient en fonction des profils d'utilisateurs et de la destination. Pharmacien et maître de conférences en pharmacologie au département pharmacie de la faculté de santé d'Angers, Nicolas Clère a participé dans le cadre d'une thèse, à des travaux sur les effets du DEET : « les antimoustiques chimiques restent essentiels pour prévenir les piqûres de moustique. On dispose d'études de toxicité, ce qui permet d'établir des règles de bon usage. Sur le même modèle que le médicament, le répulsif présente un bon rapport bénéfice/risque à condition d'être utilisé correctement. » Le DEET 20 %, l'IR3535 20 % et la picaridine 20 % sont utilisables chez la femme enceinte. Pour le DEET, les concentrations supérieures (30 à 50 %) sont envisageables pendant la grossesse en présence d'un risque de maladie vectorielle. D'ailleurs, une concentration minimale en DEET de 30 % est requise pour la protection contre les anophèles, vecteurs du paludisme. Outre la concentration, la dose varie en fonction de l'âge, sans dépasser 3 applications par jour. Chez l'enfant à partir de 6 mois et tant que l'enfant ne marche pas, une seule application de répulsif (DEET 20 %, IR3535 20 %) est recommandée. Des précautions sont également nécessaires chez des sujets présentant un profil de risque particulier, comme un cancer ou un antécédent de cancer. « Chez ces patients, il s'agit de limiter le nombre d'applications. Si la personne séjourne dans une zone infestée, un répulsif antimoustique est évidemment recommandé, mais à des doses plus faibles. Les conseils complémentaires, comme le port de vêtements longs pour se protéger, doivent être rappelés », explique l'universitaire d'Angers.
Rien ne sert d'en mettre plus
« D'une manière générale, l'utilisation doit être normalement limitée dans la journée. Il s'agit de molécules lipophiles qui ont une durée d'action longue, entre 4 et 8 heures. Il est important de rappeler aux utilisateurs que le fait d'augmenter le nombre d'application n'augmente pas l'efficacité répulsive », souligne Nicolas Clère. En revanche, ce comportement accroît la toxicité du produit, vis-à-vis de l'utilisateur, avec un risque de passage dans la circulation sanguine, et vis-à-vis de l'environnement. « La notion d'écotoxicologie est importante ; elle est à mettre en parallèle avec le risque associé à la piqûre de moustique, selon la zone de séjour. Si on respecte les modalités d'utilisation, le risque toxique sur l'environnement est limité. » La plupart du temps, l'utilisation de répulsif est concomitante avec l'application de crème solaire. Cependant, l'association de ces produits facilite la pénétration transcutanée du répulsif et expose potentiellement à des effets toxiques à long terme. La crème solaire doit toujours être appliquée avant le répulsif ; ce dernier sera appliqué dans un second temps, après un délai d'au moins 20 minutes.
Répulsifs naturels versus répulsifs chimiques
Des alternatives aux répulsifs chimiques sont proposées mais aucune de ces solutions n'est aujourd'hui recommandée dans le cadre de la prévention des maladies transmises par les moustiques. Certaines huiles essentielles ont effectivement des propriétés répulsives, comme la citronnelle, mais leur durée d'action courte écarte leur utilisation dans les zones à risque. Avant d'orienter le conseil vers une huile essentielle, il est donc important de s'informer du lieu de séjour. Autre précaution, les huiles essentielles ne doivent pas être utilisées chez les enfants en bas âge et les femmes enceintes. Les recommandations sont également très claires concernant d'autres produits présentés comme répulsifs, tels que les bracelets, la vitamine B1 ou l'homéopathie. Ils ne constituent pas un moyen de protection suffisante. À propos de l'homéopathie, il existe une confusion concernant les propriétés de Ledum palustre. Ce médicament ne permet pas de prévenir la piqûre de moustique mais de soulager les symptômes de cette piqûre.
Le pharmacien, premier acteur de lutte contre les maladies à transmission vectorielle
Parce que les répulsifs sont vendus en pharmacie et qu'ils représentent aujourd'hui un moyen de prévention essentiel contre les maladies à transmission vectorielle, le pharmacien est un acteur clé de la lutte antimoustiques. « Au fil des années, la place des répulsifs a évolué. Si l'objectif est toujours d'éviter la piqûre et l'inconfort que cela procure, ils s'inscrivent surtout dans une véritable stratégie de prévention des maladies transmises par le moustique », conclut Nicolas Clère. Pour l'universitaire angevin, il est donc essentiel de se recentrer sur les connaissances scientifiques pour le référencement des produits antimoustiques à l'officine, et de se former régulièrement : « Cette formation peut passer par l'université. Les travaux de recherche menés peuvent paraître très fondamentaux et éloignés du quotidien, mais leurs résultats permettent de renforcer la rigueur du conseil officinal. »
Article précédent
Ordonnances en partance
Article suivant
La sérialisation : un passeport contre la falsification
Ordonnances en partance
Quel répulsif antimoustique choisir ?
La sérialisation : un passeport contre la falsification
Quelques (mauvais) souvenirs cutanés de vacances
Trois trousses de voyage
Questions de destination
Les applis du voyageur
L'essentiel de la mise à jour 2018
Quand les voyages vous font la peau
« Il faut continuer d'étendre la chimiothérapie préventive »
Ces remèdes venus d'ailleurs
Pharmaco pratique
Accompagner la patiente souffrant d’endométriose
3 questions à…
Françoise Amouroux
Cas de comptoir
Les allergies aux pollens
Pharmaco pratique
Les traitements de la sclérose en plaques