Un rayon dynamique de la médication officinale

Pastilles et collutoires, segment phare du marché OTC des maux de la gorge

Publié le 20/02/2014

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Les traitements OTC des maux de la gorge disposent de deux leviers : le dynamisme des pastilles qui occupent les rayons toute l’année, l’investissement des marques sur l’axe de l’enrouement et des irritations. Les collutoires, pour leur part, défendent le poste du conseil officinal.

GORGE sèche et irritée, déglutitions douloureuses, enrouements sont les symptômes annonciateurs du mal de gorge. Pour y répondre, l’arsenal des traitements de médication familiale que propose l’officine fait la part belle aux formes à sucer, pastilles, pâtes et comprimés. Elles concentrent plus de 60 % des ventes en volume et mettent en œuvre le plus souvent une association de deux principes actifs, un antiseptique et un anesthésiant. « Le segment des pastilles fait l’objet de forts investissements dans les médias de la part de certains acteurs. De ce fait, il est plus dynamisé par la demande spontanée que par le conseil », fait remarquer un laboratoire. On y trouve en effet des marques à forte notoriété qui jouent volontiers sur la variété des goûts que déclinent leurs gammes sans omettre de proposer des références sans sucre. Les pastilles Drill (Pierre Fabre Santé) offrent ainsi un large choix de sept arômes (citron menthe, miel rosat, anis menthe, pamplemousse, sureau litchi…) et se destinent aux affections de la cavité buccale et/ou du pharynx. « C’est une gamme très diversifiée qui répond à une volonté de donner le choix au consommateur, explique Anthony Lopez, en charge des produits ORL chez Pierre Fabre Santé. Cette liberté vient s’ajouter à l’agrément que procure l’arôme pour favoriser l’observance du traitement. » La galénique, lisse dans le cas des pastilles Drill, joue aussi son rôle, permettant une diffusion régulière des principes actifs. « Toute notre gamme est basée sur l’association entre chlorhexidine et tétracaïne, sachant que les patients cherchent avant tout à calmer la douleur dans la problématique des maux de gorge. »

Valeur sûre.

Dans un contexte de quasi-stagnation – un peu moins de 2 % d’évolution – qui a marqué le marché global des traitements OTC de la gorge (toutes formes confondues) en 2013, la marque des Laboratoires Pierre Fabre, conduite pas Anthony Lopez, entend bien poursuivre le développement de son offre en diversifiant ses cibles et ses indications : « Le segment des pastilles reste un secteur dynamique d’autant qu’il répond à une demande tout au long de l’année. S’il est surtout performant en hiver, 20 % des ventes sont réalisées en été, essentiellement à cause des irritations que provoquent les systèmes de climatisation et de ventilation. » La faible incidence des pathologies qui a pu entraver la progression du marché l’an passé, épargne donc quelque peu le segment des pastilles et autres pâtes à sucer.

D’autres marques à forte notoriété contribuent à élargir l’offre en matière de pastilles. La gamme Strepsils (Reckitt Benckiser Healthcare), à visée antiseptique, abrite cinq arômes (menthe glaciale, miel citron, orange, sans sucre citron, sans sucre fraise) et se présente en tant que traitement d’appoint des affections de la gorge et de la bouche. Elle est secondée par l’action antiseptique et anesthésique des pastilles Strepsils Lidocaïne et par l’action anti-inflammatoire des pastilles Strefen. Lysopaïne (Boehringer Ingelheim), pour sa part, a adopté la forme d’un comprimé sans sucre aromatisé à la menthe. Sa formule, basée sur l’association d’un antiseptique et d’une enzyme, coexiste avec celle des pastilles Lysopaïne Ambroxol - anciennement Lysopadol - à visée antalgique. La marque Maxilase (Sanofi Aventis), bien connue pour son sirop, se décline aussi en comprimés voués à traiter l’inflammation aiguë de la gorge, tandis que la ligne Solutricine maux de gorge abrite deux références, l’une au biclotymol à l’action antiseptique (menthe, orange), l’autre à base de tétracaïne à l’effet antalgique. Le Laboratoire Genévrier dédie au mal de gorge ses pastilles Codotussyl à l’effet antibactérien et antalgique, tandis que l’on trouve dans la gamme Humex (Urgo) des pastilles au biclotymol (orange, miel citron, sans sucre menthe, sans sucre fruits rouges). Sous le nom de Cantalène, le Laboratoire Cooper propose des pastilles qui associent un antiseptique, un anesthésique et un agent de défense naturelle de la cavité buccale. Leur indication, qui vise les maux de gorge et les affections de la bouche, est différente de celle que revendiquent les pâtes Vocadys destinées aux irritations de la gorge. Sous ce positionnement spécifique s’est développée toute une offre du marché permettant à certaines marques d’être présentes sur tous les segments des maux de la gorge. En témoigne Boehringer Ingelheim qui lançait en août 2013 le médicament Voxlysopaïne, axé sur la problématique de l’enrouement.

Spécifier l’offre.

Autre expression de cette tendance, les pastilles Euphon (Mayoly Spindler) qui ciblent les premiers signes du début de mal de gorge, irritations et enrouement. Formulées à base d’érysimum officinal, une « herbe aux chantres » dont l’efficacité est reconnue dans le domaine des maux de gorge et des cordes vocales, elles se déclinent en deux arômes (orange/mandarine, menthol) et une référence sans sucre. Les plantes (érysimum, matricaire…) entrent bien sûr dans la composition du médicament de phytothérapie Activox à visée adoucissante (miel citron, menthe eucalyptus, acérola) du Laboratoire Arkopharma, ainsi que dans celle des pastilles « cœur fondant », un complément alimentaire voué à adoucir la gorge et décongestionner le nez qui est venu élargir la gamme en 2011. Autre formule d’inspiration végétale, celle des pastilles médicinales Vicks (camphre, menthol, essence d’eucalyptus, thymol…) du Laboratoire Procter & Gamble, solution alternative, à l’instar du médicament homéopathique Homéogène 9 (Boiron) qui se présente sous forme de comprimés à sucer. Association de neuf principes actifs, il se destine également aux maux de gorge et aux enrouements, tout comme Voxpax (Lehning) qui cible les enrouements et les laryngites. Enfin, on peut citer en matière d’aromathérapie le Spray Gorge de Phytosun arôms dont la formule associe miel, extrait de propolis et huiles essentielles de thym, d’eucalyptus et de citron.

Plus facilement considérés comme des produits de conseil, les collutoires et autres sprays pour la gorge ne connaissent pas le même dynamisme que les pastilles. Ils ont pourtant un atout certain que leur confère leur conditionnement : en plus des principes actifs qu’ils délivrent, ils ont l’avantage de pouvoir tapisser rapidement et efficacement les voies pharyngées. Pour Anthony Lopez, c’est un segment qui a du potentiel, même s’il a dû subir ces dernières années les effets des déremboursements successifs : « Leur image médicale, leur mode d’action très localisé et le fait qu’ils peuvent être associés aux pastilles dans la prise en charge des maux de gorge, confèrent aux collutoires un intérêt évident. » Dans cette logique, la gamme Drill abrite un collutoire formulé à base de chlorhexidine et de tétracaïne. D’autres acteurs de poids contribuent au segment, comme Hexaspray, collutoire antiseptique (biclotymol) du Laboratoire Bouchara Recordati, ou Colludol du Laboratoire Cooper, dont la composition vise à soulager (lidocaïne) et à traiter (hexamidine) l’infection. La ligne Humex mal de gorge (Urgo) référence un collutoire à l’effet antibactérien et antalgique, deux actions que revendique le Strepsilspray lidocaïne du laboratoire Reckitt Benckiser Healthcare. Également - et entre autres - présent sur ce segment, Rhinadvil maux de gorge (Pfizer Santé Familiale), une suspension pour pulvérisation buccale lancée à l’hiver 2012/2013, qui associe un corticoïde aux propriétés anti-inflammatoires à un antiseptique à large spectre.

ANNE-SOPHIE PICHARD