En 2021, sur une croissance globale de 7,1 % en valeur pour l’ensemble du marché des produits de premier recours, la progression des compléments alimentaires (CA) et des dispositifs médicaux (DM) a été particulièrement remarquable, respectivement de 10,4 % et 15,3 % contre seulement 2,2 % pour les médicaments d'automédication, selon le baromètre réalisé par l'association NèreS. Dans le cadre du conseil officinal, le médicament reste en tête pour la prise en charge de la douleur ou des affections respiratoires, mais d'autres catégories comme celle du sommeil/stress et de la vitalité sont aujourd'hui largement dominées par les compléments alimentaires, gagnant respectivement 4 et 13 points entre 2020 et 2021. Avec l'immunité et la croissance, ces quatre catégories concentrent d'ailleurs 60 % du marché des compléments alimentaires.
L'innovation et le conseil qui convient.
Qu'elles semblent loin les grandes années d'innovation en médicaments conseils, marquées par le délistage des inhibiteurs de pompe à protons par exemple, ou par le déploiement de larges gammes de médicaments de PMF (prescription médicale facultative). À l’inverse, le dynamisme observé sur le marché des compléments alimentaires ou des dispositifs médicaux résulte d'une innovation florissante conjuguée à une reprise marquée de l'activité de conseil dans les officines. « La vaccination et le dépistage sont des catalyseurs du retour vers les officines. En outre, 2022 a été une année étonnamment bien réglée en termes de temporalité et de saisonnalité : chaque mal a été parfaitement aligné en fonction de la saison, avec une certaine durabilité », commente David Syr, directeur général adjoint de GERS-Data. « Concernant les compléments alimentaires et les dispositifs médicaux, l'innovation correspond au lancement de nouveaux produits, à des extensions de gammes ou à la mise à disposition de nouvelles formulations galéniques », détaille Luc Besançon, délégué général de NèreS. La diversité de références et de formulations au seins des DM et des CA permet en outre d'étendre le premier recours officinal à des populations plus sensibles, dont les enfants.
La solution et l'expertise plus que le statut du produit.
Un grand avantage des produits de santé type CA ou DM est leur souplesse de développement sans pour autant rogner sur la qualité ni la sécurité, du moins pour les produits référencés à l'officine. Car au sein même de ces catégories, un sous-marché s'est peu à peu imposé avec des marques estampillées officine et des gammes propres à d'autres circuits de distribution, sur le même modèle que la dermocosmétique. « Notre baromètre 2021 montrait d'ailleurs une meilleure résistance voire dynamique de la pharmacie sur les produits hors monopole, en comparaison aux réseaux concurrents », note Luc Besançon. Et qu'importe le produit proposé finalement, pourvu qu’on ait l’efficacité et l'expertise ! « Quand une personne se rend en pharmacie pour une prise en charge de premier recours, elle souhaite surtout qu'on lui apporte une solution appropriée ; peu importe le statut du produit de santé qui sera conseillé », résume Luc Besançon. « Complément alimentaire, dispositif médical, médicament… Il s’agit d’un angle légal, pas d’un angle consommateur », ajoute David Syr. L'intervention du pharmacien est un gage de sécurité d'autant plus apprécié que certains compléments alimentaires doivent être utilisés avec prudence selon les profils de patients, dont les femmes enceintes.
L'appel de la prévention : probiotiques et tests au rendez-vous.
À la différence des médicaments qui sont majoritairement à visée curative, les autres produits de santé type CA et DM apportent des réponses à une demande grandissante de prévention. « La prévention de sa santé interne, l’équilibre du one-health, deviennent aujourd’hui des objectifs aussi importants que le curatif », remarque David Syr. Parmi les CA les plus en vogue, on peut citer ceux préconisés pour stimuler l'immunité ou maintenir l'état général. Les probiotiques représentent un marché particulièrement conséquent qui devrait bénéficier prochainement d'un événement stimulant. « On s’attend à une nouvelle dynamique de ces produits dès lors qu’il sera possible d’utiliser le terme probiotique dans les communications. Cette évolution devrait se concrétiser très prochainement », note Luc Besançon. Côté DM, le marché de la prévention est boosté par les autotests dont la progression a été fulgurante au cours des derniers mois.
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