Jamais la rémunération du pharmacien n’aura été aussi déconnectée de la marge des médicaments. Une heureuse nouvelle alors que les volumes continuent à décroître de manière importante. De janvier 2018 à juillet 2019, soit 19 mois, l’officine a enregistré une baisse de vente en volume de 84 millions d’unités, soit une perte équivalente aux 86 millions d’unités en moins entre janvier 2015 et décembre 2017, donc sur 36 mois.
« Les pertes s’accélèrent, c’est une tendance lourde », souligne Gilles Bonnefond, président de l’USPO. Mais contrairement à la période 2015-2017 où la rémunération chute de 345 millions d’euros, le réseau officinal revient dans le positif en 2018-2019. « On a récupéré 126 millions d’euros en 19 mois grâce à la protection des baisses de prix et à l’amélioration du calcul de marge, ce qui nous donne, une fois retirés les 82 millions d’euros de perte sur l’honoraire à la boîte, une rémunération sur 19 mois qui augmente de 43 millions d’euros, et sur les sept premiers mois de l’année 2019 de 59 millions d’euros. » Autant de données qui satisfont Gilles Bonnefond : « Économiquement la réforme marche bien, et même trop bien pour certains… »
Aller plus loin
Les modifications concernent aussi largement la partie métier de l’officine, dont la « palette d’intervention » s’est progressivement élargie depuis 2013. Les entretiens d’accompagnement – actuellement concernant l’asthme, les AVK, les AOD et les bilans partagés de médication (BPM) – connaissent un succès limité au vu d’un manque de simplicité pour les réaliser et les facturer, mais une révision dans ce sens est espérée en 2020, après une modification législative. Suivront, également en 2020, de nouveaux entretiens pharmaceutiques pour accompagner les patients sous chimiothérapie orale, qui bénéficieront de la simplification prévue pour l’ensemble des entretiens d’accompagnement.
Parmi les autres avancées évoquées par Gilles Bonnefond, on retrouve l’accès au dossier médical partagé (DMP), permettant aux pharmaciens d’avoir les mêmes informations médicales que les autres professionnels de santé, et la possibilité pour les officines, grâce au télésoin, d’accueillir des patients souhaitant consulter un médecin à distance. « L’officine devient un endroit stratégique sur le territoire qui peut offrir autre chose que la dispensation des médicaments », relève le président de l’USPO.
Il applaudit également la généralisation du pharmacien correspondant pour « accompagner le patient dans ses pathologies et dans le grand âge » et la dispensation protocolisée pour « la cystite, les douleurs dentaires, les petites plaies… ». Satisfait de voir la vaccination antigrippale et les TROD angine se mettre en place, il espère aller plus loin, notamment avec la dispensation des kits de dépistage du cancer colorectal, ainsi que sur des sujets comme la préparation des doses à administrer (PDA) ou la livraison à domicile.
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