L’association de l’industrie pharmaceutique britannique (ABRI) met en garde les Britanniques contre les risques économiques d’une sortie de l’UE, y compris pour le secteur de la santé.
Les grossistes, eux aussi, redoutent les conséquences d’un « leave » (quitter) : pharmacien exportateur et importateur, Leslie Morgan dirige la société Durbin, fortement tournée sur l’étranger. Il s’inquiète d’une éventuelle « guerre commerciale » en cas de sortie de l’Union, et rappelle que, en tant qu’en homme d’affaires, « il privilégiera toujours les marchés libres et ouverts ». De plus, affirme-t-il, « le Royaume-Uni représente 60 millions de consommateurs, qui ont, comme tous leurs fournisseurs, intérêt à rester dans un marché ouvert ».
L’association nationale des pharmaciens (NPA), qui regroupe surtout les pharmaciens d’officines indépendants, estime que certains aspects du Brexit pourraient « ne se faire sentir que dans très longtemps, d’une manière inattendue », par exemple en ce qui concerne une éventuelle privatisation du NHS (le système de santé national) : « Certains affirment que le traité transatlantique pourrait hâter une telle privatisation, ce que nie le gouvernement mais, à l’inverse, si nous quittons l’UE, cette privatisation dans le cadre d’accords bilatéraux avec les États-Unis est encore plus probable. » La NPA estime par ailleurs que des accords permettront au Royaume-Uni de continuer à participer à la politique européenne du médicament, comme la Norvège et quelques autres pays (voir ci-dessous).
La question de l’emploi
Du côté des pharmaciens eux-mêmes, les avis sont très nuancés, même s’ils accordent pour estimer qu’un Brexit aurait peu d’influence sur leur exercice quotidien, largement régi par des lois nationales. Par contre, à l’image de beaucoup de grossistes, les officinaux s’interrogent sur la poursuite des importations parallèles, qui représentent une part importante de leur chiffre d’affaires, même si elles ont diminué ces dernières années.
À lire les forums en ligne de pharmaciens, c’est la question de l’emploi qui les préoccupe le plus : le Royaume Uni emploie beaucoup de pharmaciens venus du reste de l’Union européenne, dont le statut pourrait changer en cas de Brexit : devraient-ils demander des permis de travail, et auraient-ils plus de mal à venir, alors que le pays en manque ? Pour certains pharmaciens, il suffit, comme avant 1973, de faire venir des Australiens, des Néo-Zélandais et des Canadiens pour remplacer les Européens, mais d’autres pensent que cette solution n’est pas réaliste. De toute manière, écrivent plusieurs internautes, la question des étrangers ne se pose pas au niveau des pharmaciens, mais surtout au niveau des migrants sans formation…
Les pharmaciens s’affrontent aussi sur le coût supposé de l’Europe et du Brexit : les partisans du « leave » estiment que « les milliards versés par le Royaume-Uni à l’UE seraient mieux utilisés pour financer le NHS », mais cette affirmation fait débat. « Sans l’Europe, les médicaments britanniques coûteraient infiniment plus cher à développer, et même à vendre, puisqu’il n’y aurait plus d’importations parallèles ni de politiques communes pour réduire les coûts », écrit ainsi un pharmacien.
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