Qu’ils soient disponibles via l’AMM (autorisation de mise sur le marché) ou un dispositif d’ATU (autorisation temporaire d'utilisation) ou d’accès précoce, les médicaments innovants développés en sénologie dynamisent la pratique médicale.
« Au cours des dernières années, l’arrivée des traitements ciblant les cancers RH+ hormonodépendants ou les cancers HER2 amplifié a révolutionné la prise en charge. Les anticorps conjugués ont transformé le paysage thérapeutique, et apporté des bénéfices démontrés pour les patients. Il s’agit d’anticorps sur lesquels sont fixées des molécules de chimiothérapie. Au fil des années, cette technologie s’est améliorée pour gagner en efficacité tout en maîtrisant la toxicité », confirme le Dr Benjamin Verret, médecin oncologue à l’IGR (Institut Gustave-Roussy). Dernier exemple en date, l’arrivée en France du médicament TRODELVY (sacituzumab govitecan) fin 2021 ouvre une perspective encourageante : « globalement, les taux de guérison et de survie des patientes ayant un cancer du sein ont largement progressé mais, en détail, certains types de cancers restent de mauvais pronostic. C’est le cas du cancer du sein triple négatif. L’arrivée de TRODELVY apporte une nouvelle réponse, en alternative à la chimiothérapie classique. Le fait de cibler la tumeur grâce à l’anticorps monoclonal permet de réduire la toxicité de la chimiothérapie (ici, le govitecan) tout en augmentant les doses. » La combinaison anticorps-chimiothérapie permet ainsi de valoriser des molécules bien connues, en les vectorisant de façon plus intelligente : « la conception du linker, c’est-à-dire la molécule qui permet de coupler l’anticorps et la chimiothérapie, est de mieux en mieux maîtrisée. On obtient des médicaments plus stables et plus efficaces. »
Hôpital, ambulatoire : une équipe à valoriser
En complément des traitements injectables, le développement de médicaments per os a bouleversé l’organisation sanitaire, facilitant une prise en charge des patients en ambulatoire. Parmi ces médicaments « de ville », on retrouve les inhibiteurs des kinases cycline-dépendants 4 et 6 (palbociclib, Ibrance ; abémaciclib, Verzenios ; ribociclib, Kiskali), indiqués dans le traitement des cancers hormonodépendants. « Avec ces médicaments, une surveillance clinique et biologique à l’hôpital reste nécessaire en initiation de traitement, pour gérer les toxicités. Lorsque le traitement est bien toléré, les consultations avec l'oncologue peuvent être espacées, tous les 3 à 6 mois. La surveillance et le suivi sont assurés en ville », détaille l'oncologue de l'IGR. Ce qui implique de créer un nouveau modèle de collaboration entre le prescripteur hospitalier et le pharmacien d’officine. La mise en place des entretiens d’accompagnement des patients sous anticancéreux oraux est une première démarche, mais ce dispositif reste encore confidentiel. En outre, ces entretiens n'ont d'intérêt que s'ils s'inscrivent dans un parcours coordonné, en s'appuyant par exemple sur un réseau dédié.
Le numérique s'invite en oncologie.
Médicament, réseau de professionnels et applications numériques pour accompagner le patient au quotidien : ce trio est à la base de la prise en charge moderne en oncologie. Pour les femmes atteintes d’un cancer du sein, l'IGR a d'ailleurs co-développé l’application Resilience. « Disposer de plateformes ou d'outils numériques pour surveiller les effets secondaires ou accéder aux bilans biologiques nous permet d’être réactifs face à une toxicité, et d’ajuster les traitements pour les prolonger le plus longtemps possible avec une efficacité optimale », note Benjamin Verret.
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