LA GÉNÉRATION des octogénaires et des nonagénaires connaît le plaisir de voyager. Elle a même été la première à goûter au tourisme de masse, développé dans les années soixante-dix et 80. « Beaucoup de personnes de cette génération avaient intégré le voyage dans leur mode de vie, et ressentent une frustration à ne plus pouvoir voyager alors qu’ils sont encore très valides malgré leur canne », explique Valérie Durin, fondatrice et responsable de l’agence de voyage Travel Age. Mettant à profit ses expériences professionnelles en gérontologie (CLIC, responsable de foyer logement, Petits frères des pauvres, caisse de retraite), Valérie Durin a créé l’agence Travel Age, spécialisée dans l’organisation des voyages pour personnes âgées : « notre activité concerne les plus de 75 ans, avec une moyenne d’âge de 85 ans pour nos séjours. Beaucoup de nos clients avaient l’habitude de voyager ».
Vieux touristes, mais touristes quand même.
L’association immatriculée au registre du tourisme organise des séjours en France (Antibes, La Rochelle…) d’une semaine. « Chaque voyage demande une préparation exigeante en amont. Je me déplace pour valider chaque lieu, vérifier qu’ils sont accessibles aux personnes à mobilité réduite. Les hôtels, principalement trois étoiles, doivent au minimum avoir des ascenseurs et des douches italiennes. Je repère les lieux ombragés, je rencontre les guides pour définir le déroulement des visites. En France, nous avons un patrimoine historique riche, mais souvent difficile d’accès. Il faut donc en tenir compte », précise la fondatrice de Travel Age. Des vérifications concernant la capacité du client à participer au voyage sont également nécessaires : « Au moment de l’inscription, nous devons vérifier quelques points avec nos clients, afin d’équilibrer le groupe. Nous demandons parfois de faire remplir une grille par leur médecin traitant, en complément de la fiche de renseignement sur laquelle les clients précisent leurs besoins d’aide personnelle (déplacement, toilette, suivi de traitement). Cela nous permet de vérifier notre capacité à bien encadrer ces personnes au cours du séjour. Certaines maladies, comme les maladies neurodégénératives, sont plus difficiles à gérer. Dans tous les cas, si le voyage n’est pas possible avec notre association, nous orientons ces personnes vers des solutions plus adaptées à leur situation ».
Pour chaque voyage, l’association prévoit des bénévoles pour accompagner le groupe : « c’est essentiel. Les bénévoles sont là pour donner le bras, pour aider à la toilette ou mettre les bas de contention… nous prévoyons généralement un accompagnateur pour 4 personnes. Mais il est déjà arrivé de prévoir un accompagnateur pour une personne ; c’était pour une cliente en fauteuil roulant », raconte Valérie Durin. Autre atout de Travel Age, la présence d’une infirmière dans chaque groupe : « Avant le départ, elle prend connaissance des problèmes de santé des clients, et dispose des copies des ordonnances. Chaque client doit apporter ses médicaments mais tous savent qu’ils ont un professionnel de santé à disposition, si besoin. Sa présence rassure ».
Question de rythme.
« Être limité physiquement ne doit pas faire obstacle au voyage ». C’est le message majeur qui ressort de l’expérience de Valérie Durin : « le fait de voyager est stimulant et certains de nos clients ont même retrouvé un peu d’autonomie, à l’issue d’un séjour. Cette démarche brise l’isolement dans lequel la vieillesse les entraîne. Ils ont des choses à raconter à leur entourage et reprennent confiance en eux. En outre, cela permet de soulager la famille ou les aidants familiaux ».
À la différence des opérateurs traditionnels, Travel Age a cherché à adapter le programme des séjours à cette clientèle particulière : « on fait le maximum pour respecter le rythme de chacun, pour prendre le temps. Nous prenons tout en charge à partir du domicile. Sur place, un unique hôtel par séjour est prévu et les trajets sont limités. Tous les repas sont assurés ».
Un défi à relever.
Valérie Durin en est consciente. L’exigence de qualité et de confort se répercute sur le coût du séjour. « Les prestations requises, la présence d’une infirmière et de bénévoles pour qui les frais de voyage sont pris en charge, augmentent le prix du séjour. Mon travail maintenant est de développer des accords avec les caisses de retraite. Dans le cadre de leur action sociale, les caisses prévoient en effet une participation au transport et à l’accompagnement ». Pour Valérie Durin, le challenge est donc d’offrir les services de Travel Age au plus grand nombre.
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