C’EST UN LOCAL entre deux portes. Une dizaine de mètres carrés, quatre murs couverts d’étagères où s’empilent quelques boîtes d’ibuprofène, des pansements et du lait pour bébé. Nous sommes dans l’hôpital naval de Puerto Williams, petit village de deux mille habitants situé à l’extrême sud de la Patagonie chilienne. Mariela Meza saisit l’ordonnance que lui tend, de sa main valide, un jeune homme affublé d’un bras en écharpe. Cela fait maintenant cinq ans qu’elle s’occupe seule de cette petite pharmacie.
Rattachée à l’hôpital militaire.
Au Chili, un grand nombre d’officines sont des franchises rattachées à de grandes chaînes implantées sur la totalité du territoire. Ce n’est pas le cas à Puerto Williams puisque l’officine de Mariela dépend entièrement du petit hôpital militaire. En plus de la pharmacie, le même bâtiment abrite donc l’ensemble des services de soins accessibles sur l’île : kinésithérapie, radiographie, urgences, maternité, soins généraux et clinique dentaire.
Comme toute pharmacie hospitalière, l’objectif de Mariela n’est pas d’augmenter son chiffre d’affaires. « Nous achetons les médicaments et les revendons en tirant un pourcentage minime qui nous permet juste de continuer d’exercer. » Mais du fait de l’isolement elle doit en plus assurer les missions d’une officine de ville. Les habitants peuvent donc également venir la voir « pour une boîte d`aspirine ou du sirop contre la toux ». Comme une permanence est assurée par l’hôpital, Mariela n’a pas à accomplir de gardes la nuit ou pendant les week-end.
Le stock est établi en fonction des besoins de la population locale. Pas de produits cosmétiques, homéopathiques ou de parapharmacie mais quantité d’analgésiques, d’antihistaminiques et d’antiallergiques. « Nous rencontrons beaucoup de cas d’allergies. La plupart des maisons de Puerto Williams utilisent encore le chauffage au bois. Les gens ignorent que les poussières de sciure et autres particules fines qui s’invitent ainsi dans leurs foyers sont dangereuses pour la santé. »
Deux livraisons par mois.
Comparée à une officine de ville classique, la profondeur du stock a également été revue à la baisse. Pour un type de médicament, il n’y a qu’une seule marque de laboratoire en rayon. Ici, la polémique « pour ou contre les médicaments génériques » n’a pas cours… De plus, même si certaines pharmacies chiliennes élaborent leurs propres pommades ou gélules, Mariela ne réalise pas de préparations. Elle est approvisionnée une à deux fois chaque mois par l’hôpital naval de Punta Arenas (ville la plus importante dans cette région du Chili) ou par un grossiste. Enfin, en cas d’urgence, les produits sont acheminés directement par avion en deux ou trois jours.
Quel avenir pour la petite pharmacie de Puerto Williams ? Mariela sait que l`officine ne se modernisera pas avant que ce ne soit absolument nécessaire. « Nous allons peut-être référencer de nouveaux produits d’ici l’année prochaine, quelques crèmes, un peu de cosmétique… Pour le reste, il ne devrait pas y avoir de grands changements. » Dans ce genre de village où le temps semble s’écouler au ralenti, il faudra donc attendre encore un peu avant que l’accès aux soins ne passe à la vitesse supérieure.
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