L’informatisation d’une officine que reprend un jeune titulaire va d’emblée prendre une tournure pratique, très humaine. Va-t-il imposer le logiciel d’exploitation auquel il a été habitué jusque-là, durant ses années de stage, ou en tant que pharmacien adjoint d’une autre officine ? Ou bien va-t-il conserver celui de l’équipe en place, elle aussi prise dans l’usage qu’elle a depuis des années de l’informatique ? Héritage d’un marché de l’informatique officinale déjà ancien et mature, l’habitude a un rôle central dans les choix qui peuvent être faits, l’habitude et le confort qu’elle génère. On est donc loin des enjeux stratégiques auxquelles une réflexion sur l’informatique peut amener. Peut-être qu’ils pèsent un peu plus quand le nouveau titulaire doit choisir entre son système à lui et celui de l’équipe qu’il reprend, s’ils sont différents. Mais les éditeurs veillent et font en sorte de maintenir le lien. « Le commercial du logiciel " sortant " va venir voir le nouveau titulaire », explique David Derisbourg, responsable marketing d’Isipharm. « Le contact humain est essentiel. » Ces éditeurs vont proposer suffisamment de choses, comme un pack de formations gratuites et d’accompagnement à l’image de Pharmagest, ou de travailler en mode projet, avec éventuellement d’autres prestataires comme l’agenceur, tel que le propose Alliadis, pour « garder » le nouveau titulaire.
Entre l’éthique et le commerce
Pour convaincre, les éditeurs ont aujourd’hui comme critères de différenciation tout ce qui a trait au métier du pharmacien, et non plus à la stricte gestion de l’officine. « On continue de les appeler logiciels de gestion officinale, mais ils vont bien au-delà désormais », résume Linda Leprovost, chargée de communication et marketing de Pharmagest. Les éditeurs l’admettent, tous font la même chose, en tout cas, ce qui est encadré par la loi, au niveau de la gestion pure, les stocks, le tiers payant etc… Certes, les uns et les autres se différencient par l’ergonomie ou l’interface, mais ils proposent les mêmes fonctionnalités. Depuis quelques années, tous développent des applications destinées à aider le pharmacien dans l’exercice de leur métier. Et chacun va mettre l’accent sur un ou plusieurs éléments en particulier, que le nouveau titulaire devra étudier, selon ses propres ambitions. « On peut identifier les officines soucieuses d’exercer leur profession avec le plus d’éthique possible et celles qui ont un positionnement commercial », analyse David Derisbourg. « En réalité, toutes les officines font les deux, mais il faut savoir où se place le curseur entre ces deux objectifs. » Un curseur qui déterminera les choix à faire ensuite au plan informatique.
Certains éditeurs se placent dans les perspectives d’évolution qu’apportent les fameuses « nouvelles missions » du pharmacien contenues dans la loi HPST. Et notamment tout ce qui a trait aux entretiens pharmaceutiques prévus par la Convention pharmaceutique de 2012 et ses avenants. De ce point de vue, ils font assaut d’innovations pour séduire leur clientèle avec des outils qui bien sûr reprennent les questionnaires conventionnels dans leur intégralité, mais aussi pour les aider à gérer lesdits entretiens et les replacer dans un cadre plus large, celui du conseil.
Nouvelles missions
Alliadis dispose ainsi de son application « Mon suivi patient », une application cloud : gestion des rendez-vous, historique des entretiens, le suivi scrupuleux de ce que demande l’administration, notamment au niveau des questions et donc mises à jour autant que nécessaire. Winpharma évoque pour sa part sa capacité à « renseigner automatiquement, à partir du client en cours, la fiche sur le web d’AMELI, pour créer l’entretien pharmaceutique afin que le pharmacien puisse être rémunéré », explique Bénédicte Dekeister, directrice de l’éditeur. Tous essaient de renseigner des dossiers patients complets afin d’améliorer le conseil au patient. Soulignons néanmoins que les nouvelles missions ne sont pas forcément vues de manière positive par tous les éditeurs. « De nombreux pharmaciens attendent d’être rémunérés pour des entretiens pharmaceutiques sur les AVK, c’est encore difficile », évoque ainsi David Derisbourg. Cela peut conduire certains pharmaciens à se sentir quelque peu floués par l’administration, et d’une certaine manière par le projet global que sous-entend la notion de « nouvelles missions ». « Même s’il y a des difficultés dans la rémunération de ces tâches, les pharmaciens s’y intéressent parce que cela fidélise la clientèle », estime pour sa part Sophie Roussel, directrice marketing et communication d’Alliadis.
Conseil et observance
Cela peut être une explication de cette tendance qu’ont les éditeurs de parler de ces nouvelles missions dans une vision aussi large que possible, indépendamment de ce que font ou pas les autorités publiques. D’où la diversité des thèmes abordés. Pharmagest accorde beaucoup d’importance à tout ce concerne l’observance des traitements. Le suivi des entretiens pharmaceutiques entrent dans ce cadre, mais aussi l’application gratuite « Ma pharmacie mobile », bien connue de ses clients et utilisée par exemple pour le rappel de prises de médicaments ou des choses aussi simples que l’envoi des photocopies d’ordonnance pour leur renouvellement. Winpharma propose de son côté Winpharmacie.com, une application qui permet le transfert d’ordonnance, son renouvellement ou la commande de produits particuliers. Les éditeurs visent ainsi le confort et la simplicité d’usage que peut apporter la technologie dans leurs relations avec la clientèle.
Pharmagest va plus spécifiquement annoncer sous peu un logiciel de suivi d’observance relié à son LGO, LGPI, avec un suivi des constantes, détection au comptoir des patients non observants, aide à l’observance etc… Les éditeurs proposent également un certain nombre de fonctionnalités afin de soutenir les équipes officinales dans leur conseil au patient, Alliadis parle ainsi beaucoup de sécurisation de l’ordonnance, une façon de les assister dans la dispensation, notamment par le biais d’une gestion d’alertes. Winpharma permet avec son produit WinProduitsConseil, « d’apporter le même niveau de conseil au client quelque soit son interlocuteur, grâce à l’affichage des conseils à donner sur l’écran de l’opérateur », déclare Bénédicte Dekeister.
Se projeter dans l’avenir
Un logiciel métier, c’est aussi permettre de se projeter dans l’avenir et de pouvoir prendre des décisions en connaissance de cause. Isipharm a ainsi entièrement repensé la partie statistique et pilotage de Leo 2 de façon à ce que le titulaire puisse obtenir une réponse en deux secondes à ses requêtes. « Cela permet entre autres choses de gérer très finement le planning de l’équipe officinale en l’adaptant aux pics de fréquentation de la clientèle, qui évoluent au gré du temps » souligne David Derisbourg, qui note une hausse de l’usage des outils de pilotage, mais aussi de tout ce qui permet la dynamisation commerciale de l’officine, notamment grâce aux « challenges » commerciaux organisés par les laboratoires, et au sein même des équipes officinales. Une dynamisation commerciale également mise en avant dans Leo 2 par l’éditeur. « My pilot » de Pharmagest, permet tout autant de suivre l’activité des officines que la gestion du merchandising, en proposant par exemple un positionnement de gammes dans les linéaires.
Améliorer les performances
Les éditeurs n’en abandonnent pas pour autant la promotion des fonctionnalités plus classiques de la gestion de stock ou celle des achats par exemple, mais en les plaçant dans une perspective d’amélioration de la performance ci-dessus évoquée. « Nous donnons aux pharmaciens une vraie méthodologie dans la gestion des achats, sur la base d’une connaissance très fine des stocks, qui s’est améliorée au fil du temps et permet d’attribuer un taux de rotation à chaque produit », explique Sophie Roussel. « Les pharmaciens peuvent ainsi être plus précis dans leur commande et peuvent également comparer les différents canaux d’achat. »
Selon les cas, les différentes fonctionnalités métiers sont proposées dans le LGO lui-même, ou en option, ou application cloud mais toujours reliées au logiciel, c’est parfois gratuit, parfois non. Le pharmacien n’a pas à penser l’ensemble dans sa globalité. « L’important, pour les pharmaciens, c’est de se placer dans la perspective de solutions évolutives, en fonction de là où va l’officine et d’avoir le bon logiciel pour ça », résume Linda Leprovost.
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