« Le selfcare fait partie des leviers de croissance de l’officine », lance Antoine Bon, vice-président de l’AFIPA*. En 2015, ce secteur a affiché une croissance de 6 %, à comparer avec la stagnation de celui du médicament prescrit (+0,3 %) : + 5 % pour les médicaments d’automédication, + 7 % pour les dispositifs médicaux, près de + 10 % pour les compléments alimentaires. Or « le selfcare a représenté 37 % de la croissance de la pharmacie l’année dernière », tout en n’occupant que 10,4 % de l’activité officinale. Il existe donc une possibilité de croissance importante. Ce que le dynamisme observé dans d’autres pays étaye sans complexe. La part du marché de l’automédication affiche une moyenne européenne de 32,3 %, alors que la France plafonne à 15,4 %. La pratique est bien plus développée en Allemagne (44,8 %), en Belgique (38 %), aux Pays-Bas (37,5 %), sans parler de la Suède (41,2 %) ou de la Grande Bretagne (57,8 %).
« L’une des solutions pour accélérer la croissance de ce marché en France est de procéder à des délistages. Une étude récente a souligné que la France pourrait délister environ 90 molécules pour être en ligne avec les paniers de produits et solutions offerts dans les autres pays européens », explique Antoine Bon. L’AFIPA prône depuis de longues années le délistage, tout comme l’a préconisé le rapport sur l’automédication du Pr Alain Baumelou et d'Alain Coulomb en 2007. Sans grand effet sur les pouvoirs publics. En revanche, le comportement des patients évolue vers un état d’esprit qui considère le capital santé comme un atout à préserver, et ils se tournent de plus en plus vers le pharmacien pour obtenir des conseils.
Rémunérer le conseil
En attendant, les laboratoires investis dans l’automédication capitalisent sur leurs marques. Le top 10 des marques les plus vendues en pharmacie a ainsi progressé de près de 8 % en 2015, dont le trio de tête est Doliprane (Sanofi), Oscillococcinum (Boiron) et Humex (Urgo). Le top 10 des marques représente à lui seul 17 % de l’ensemble de l’activité. Attention cependant aux mélanges des genres, comme le rappelle Gilles Bonnefond, président de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO) : « Quand on met le dispositif médical ou le complément alimentaire à côté d’un médicament et qu’on appelle ça par le même nom, avec une marque ombrelle, on est sûr de faire le lit demain du site Internet de Leclerc, qui mettra un nom qui ressemble à un médicament et tout le monde pensera que les médicaments sont passés en grande surface. »
Un Français sur deux demande conseil à son pharmacien et lui attribue un rôle clé dans sa démarche d’automédication. Une posture que l’AFIPA aimerait renforcer en faisant de cette pratique la première étape du parcours de soins pour des maladies bénignes « Une étude de Satispharma a montré qu’une personne sur six est prête à rémunérer le conseil, et ce jusqu’à 20 euros, remarque Antoine Bon. La France peut tirer des enseignements des expériences d’autres pays engagés depuis longtemps dans le selfcare. Beaucoup de pays regrettent, pour des raisons de santé publique, d’avoir lâché en GMS et ailleurs des médicaments ou des dispositifs médicaux. L’AFIPA et les laboratoires pharmaceutiques, qu’ils soient français ou étrangers, placent le pharmacien français au cœur de l’automédication. Le selfcare s’appuie sur l’état d’esprit du patient, acteur de sa santé, qui s’inscrit dans un travail d’équipe avec le pharmacien qui le conseille et le laboratoire qui innove. »
* Association française de l’industrie pharmaceutique pour une automédication responsable.
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