Comme l’ont expliqué, à la 17e Journée de l’économie, les deux syndicats représentatifs de la profession, la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF) et l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO), les prochaines négociations avec l’assurance-maladie sur la convention pharmaceutique devront prendre en compte à la fois la rémunération du pharmacien et l’adjonction de nouvelles missions – ou de nouveaux services aux patients. Sur le plan professionnel, il s’agit notamment de développer le bon usage du médicament et l’accès aux soins des patients, par exemple à la sortie de l’hôpital. Sur le plan économique, il s’agit aussi, et peut-être surtout, de trouver des solutions à la grave crise économique que subissent les officines, du fait des baisses de prix et des volumes de vente sur le médicament remboursable.
En ce qui concerne la rémunération, une nouvelle étape devra être franchie, en détachant davantage encore la rémunération du prix et des volumes de ventes des médicaments. « L’acte qui correspond à la validation de l’ordonnance n’est jamais visible et n’est jamais facturé. C’est cela qu’il faut changer », explique Gilles Bonnefond. Pour le président de l’USPO, la dégradation des chiffres d’activité et de marge des officines montre qu’il faut changer rapidement de modèle économique. « Le pharmacien ne peut plus subir les conséquences d’une politique de prix industriels qu’il ne maîtrise pas. C’est tout l’enjeu de la future négociation sur la convention. »
Le président de la FSPF, Philippe Gaertner, est sur la même ligne. L’introduction des honoraires a permis jusqu’à présent de limiter la « casse » pour les pharmacies, mais, face aux baisses de prix drastiques sur le médicament remboursable et sur les génériques, cette réforme est devenue aujourd’hui insuffisante. « Une nouvelle étape doit être franchie dans la réforme de la rémunération, en la détachant davantage encore des prix industriels, affirme Philippe Gaertner. Si nous voulons stabiliser l’économie de l’officine, il nous faut d’abord stabiliser la rémunération de la dispensation, et donc développer aussi des activités annexes. »
Une enveloppe pour les officines
Second point important des futures négociations conventionnelles : les nouvelles missions et services du pharmacien. Dans ce domaine, les pistes de réflexion et les propositions des syndicats sont nombreuses : prévention, meilleur accompagnement du médicament, meilleure prise en compte des pathologies chroniques, développement des services de maintien à domicile, développement de l’automédication, relance des entretiens pharmaceutiques… « L’ouverture prochaine des négociations conventionnelles est une chance d’y faire entrer un maximum d’éléments nouveaux pour le pharmacien », lance Gilles Bonnefond. Sur le principe, le ministère de la Santé et les syndicats semblent d’accord. « Marisol Touraine souhaite que la pharmacie d’officine se réforme. Et elle a en face d’elle deux syndicats représentatifs qui souhaitent également cette réforme, car l’attente des patients évolue », avance encore le président de l’USPO.
Mais avant de négocier, dans l’optique de la prochaine convention, les détails de la réforme de la rémunération et l’introduction de nouveaux services rémunérés, les syndicats souhaitaient que la profession bénéficie d’une enveloppe financière sur plusieurs années. Pour Gilles Bonnefond, à l’origine de cette revendication, il doit s’agir d’une enveloppe « évolutive » et « identifiée » qui ne soit pas dépendante d’une « stratégie que nous ne maîtrisons pas, tant au niveau des projets de loi de financement de la Sécurité sociale que du Comité économique des produits de santé (CEPS) ».
Or, bonne nouvelle : Gilles Bonnefond a révélé lors de la Journée de l'économie que Marisol Touraine était prête à allouer une telle enveloppe pour la mise en œuvre de la prochaine convention qui sera négociée avec l’assurance maladie. Elle devrait également adresser une lettre d’orientation en ce sens à Nicolas Revel, le directeur général de l’Assurance-maladie. En pratique, cette lettre d’orientation pour la négociation conventionnelle devrait être écrite en novembre afin que le directeur de la CNAM puisse engager les négociations conventionnelles avec les deux syndicats représentatifs. C’est donc un engagement politique important.
Bien sûr, il faudra encore définir cette enveloppe et affiner le contenu des propositions. Mais, rapporte Gilles Bonnefond, Marisol Touraine « compte sur les pharmaciens pour accompagner cette réforme ». Une première victoire, donc, pour les syndicats, obtenue, rappelle le président de l’USPO, « grâce à l’union avec la FSPF » qui a permis de présenter des propositions communes à la ministre de la Santé.
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