LE MARCHÉ des spécialités non remboursables est en berne. En 2013 (source ANSM*), il a représenté moins de 9 % des ventes en valeur et près de 15 % en volume. Les différents domaines couverts par la médication officinale semblent concernés, selon les données Ospharm recueillies sur un panel de 2 853 pharmacies. Ainsi, les marchés de l’antalgie et des troubles digestifs ont régressé respectivement de 0,43 % et de 2,20 % en valeur ; celui de l’ORL connaît le plus fort recul avec - 14,61 % en valeur. L’analyse de ces données doit prendre en compte différents paramètres, notamment climatiques et épidémiques. En outre, ces marchés sont concurrencés par des alternatives non médicamenteuses telles que l’aromathérapie, l’homéopathie et la phytothérapie. Cette tendance est très marquée sur le marché des OTC de type vitamines, toniques et minéraux qui accuse une forte régression (- 10,26 % en volume et - 8,55 % en CA HT) tandis que parallèlement, le marché des compléments alimentaires contre la fatigue connaît une croissance notable (+8,24 % en volume et 9,16 % en CA).
Le dentaire, le vétérinaire et la diététique tirent leur épingle du jeu.
Les marchés buccodentaire (médicaments, dentifrices et accessoires) et vétérinaire sont en progression, avec respectivement +1,69 % en volume et + 1,72 % en CA HT pour le premier, et + 4,27 % en volume et + 7,34 % en CA HT pour le second. Les produits d’hygiène dentaire (dentifrices et bains de bouche) représentent un marché intéressant qui compte pour 3,52 % de part de marché en valeur des ventes hors ordonnances. Le marché vétérinaire des animaux de compagnie est dominé par les médicaments vermifuges, les antipuces et les contraceptifs. Sur le marché de la diététique et de la nutrition (+ 1,93 % en CA HT et 0,42 % en volume), les aliments destinés à des fins médicales enregistrent les plus fortes ventes (Magic Mix, Fresubin eau gélifiée). Ces deux derniers marchés présentent l’avantage d’une croissance en valeur plus rapide que la croissance en volume.
Des marchés qui progressent.
Le marché des produits Bio (phytothérapie et aromathérapie) gagne du terrain et enregistre la plus forte progression au sein du panel étudié (+ 10,47 % en CA HT). Ce marché présente de nombreux atouts ; il répond aux besoins de chaque tranche d’âge, et couvre de nombreuses indications thérapeutiques. Autre progression importante, le marché de la contention veineuse (+ 11,31 % en volume et +9,10 % en CA HT) qui a su s’adapter à la demande en proposant des gammes multiples et résolument tendance. Le maintien à domicile confirme sa position de marché différenciant et porteur, avec une évolution de 8,03 % en volume et de 10,43 % en valeur.
Et la para dans tout ça ?
Le marché des soins du corps et du visage enregistre une évolution négative (- 5,35 % en valeur). Les produits dermocosmétiques, notamment les leaders (Avène, Bepanthen) dominent ce marché. Si la parapharmacie n’apparaît plus comme un marché moteur à l’officine, son absence peut être un frein. Sur le terrain, les pharmaciens ont réorganisé leur offre pour conserver ce marché tout en soulageant leur trésorerie, comme en témoigne Alexandre Perrault, pharmacien titulaire en Charentes maritime : « la guerre des prix mettrait mon officine en difficulté. J’ai révisé mon offre en ne conservant que deux gammes dermocosmétiques et en supprimant les gammes "plaisir". Je préfère développer des créneaux peu exploités pour dégager de la marge, dont la micronutrition ». Même discours pour Laurence Chollet, titulaire dans les Deux-Sèvres et qui a vu s’installer une parapharmacie à deux pas de son officine : « J’essaie de m’aligner sur les prix pratiqués par mon concurrent direct. D’ailleurs la parapharmacie a remonté ses prix, pas moi. Quelques laboratoires nous soutiennent. J’ai aussi retravaillé mon référencement produits avec un merchandiser indépendant. J’ai développé mon rayon bébé et le rayon de produits naturels ». Autre situation, autre choix ; Christophe Paquet, titulaire en centre-ville a décidé de conserver une offre large, mais à volume plus restreint, lui permettant de répondre à 90 % de la demande.
La concurrence stimule.
Si l’ensemble des marchés cités comptent peu au sein du CA (par rapport aux médicaments remboursables), le fait qu’ils génèrent de la marge bénéficie à l’ensemble de l’officine et stimule l’activité. La plupart des marchés en progression sont des marchés où le pharmacien se retrouve en concurrence directe avec les parapharmacies, les boutiques Bio, internet et les grandes surfaces. Cette concurrence, a priori menaçante, semble globalement stimulante ; elle le pousse à affiner son offre et à la valoriser par l’animation, la formation, et la communication. Ainsi, un marché porteur ne l’est qu’à la condition d’être porté par le pharmacien.
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