Au-delà de vos missions de pharmacien ou de pharmacienne, vous avez, comme chacun d'entre nous, traversé la crise du Covid en simples Français.
Aussi avons-nous voulu d'abord savoir comment, au plan personnel, vous avez vécu les mois écoulés et comment s'est passé votre « rencontre » avec le virus. Vous êtes ainsi près d'un sur trois concerné directement par le Covid-19 (30,3 %) et même 4,5 % à avoir « contracté » la maladie. Et si ce n'est vous-même, vous êtes 11,3 % à témoigner qu'un membre au moins de votre famille ou de vos proches a été atteint par l'infection… parfois jusqu'au décès (6,7 %). Mais au-delà de la sphère privée, c'est tout votre exercice professionnel qui s'est trouvé bouleversé ces dernières semaines. D'abord parce que les pharmacies ont été parmi les seuls commerces à rester ouvert durant la période de confinement, mais surtout parce qu'elles ont été aux avant-postes de la gestion de la crise sanitaire. L'accueil du public dans le respect des gestes barrière, la délivrance des masques et des gels hydroalcooliques, la poursuite des traitements en cours… L'ensemble de ces missions ont nécessité des adaptations.
Une baisse du CA de -10 à -20 % dans 30,8 % des cas.
Au sortir du confinement, vous êtes ainsi près de 80 % à témoigner avoir procédé à des aménagements particuliers de votre espace de vente (marquages aux sols, écran de protection…). Le fonctionnement même de votre officine a dû se plier aux contraintes liées à la crise. Dans 46,5 % des cas, vous avez changé vos horaires d'ouverture et parfois même décidé la fermeture de votre officine certains jours de la semaine (5,3 %). Et quand le chômage partiel (12,8 %) ne suffisait pas à maintenir la viabilité de votre entreprise, vous avez dû vous résoudre à licencier du personnel (3 %). Il faut dire que le chiffre d'affaires des pharmacies n'a pas été épargné par le SARS-Cov-2… Près de la moitié des officines ont noté une inflexion significative du CA (de moins de 10 %). Une baisse située entre -10 et -20 % dans 30,8 % des cas. Et parfois même supérieure à 30 %, selon 4,4 % des répondants. Pourtant, en dépit de cet impact négatif sur l'économie des officines, les titulaires n'ont sollicité les aides de l'État que dans 26,9 % des cas. Un chiffre qui devrait être rapidement revu à la hausse, car vous êtes 12,7 % à déclarer votre intention d'y recourir dans les prochaines semaines.
Une gestion des masques catastrophique
S'il est une polémique qui a marqué la crise du Covid en France, c'est bien celle de la gestion des masques. Le nombre de vos témoignages et commentaires sur le sujet postés sur le site du « Quotidien » en atteste (lire aussi vos témoignages sur lequotidiendupharmacien.fr en page 23). La critique des choix étatiques y est presque constante. Vous êtes ainsi 32, 3 % à juger cette gestion pour le moins « maladroite », et même « catastrophique » selon 51,6 % d'entre vous ! Clairement, le gouvernement dans son ensemble (pour 38,3 % d'entre vous) et le ministère de la Santé en particulier (pour 35,3 % d'entre vous), n'ont pas « été à la hauteur de l'événement et n'ont pas pris les bonnes décisions ».
Mais vous n'êtes pas que critique. Parmi vos instances représentatives, partenaires et autres prestataires de l'officine, vous avez reconnu quelques « amis » durant la crise. Les grossistes-répartiteurs remportent ainsi la palme de la reconnaissance puisque vous êtes 65,9 % à estimer qu'ils ont, eux, été à la hauteur de l'événement et ont pris les bonnes décisions. Idem pour les syndicats d'officinaux cités par 61,4 % d'entre vous, l'assurance-maladie (52,3 %), l'Ordre des pharmaciens (51,6 %) ou encore les groupements de pharmaciens (49,3 %). Même les banques et les laboratoires, qui ont habituellement peu de place dans le cœur des officinaux, engrangent quelques gages de confiance (respectivement 41,9 et 41,1 %).
Une crise qui réforme ?
Une crise est passée. Qui a modifié durant plusieurs semaines la façon d'exercer des pharmaciens. Relation avec les clients, développement du sans contact, boom de la e-santé et du portage à domicile, maturation des pratiques interprofessionnelles… Mais ces changements, justifiés par la nécessité de l'urgence, vont-ils modifier de façon durable votre manière d'exercer ? Vous êtes 40,5 % à le croire. Vous êtes en tout cas une majorité (53,3 %) à souhaiter la pérennisation de certains aménagements de l'exercice officinal (renouvellement d'ordonnance, production de SHA, signalement des violences faites aux femmes, IVG médicamenteuse…). Nécessité fait loi, dit-on. La crise du Covid aura-t-elle les effets d'une réforme durable pour la profession ? Seul l'avenir le dira.
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