LES SERVICES à la personne ne relèvent pas du champ des prestations et des produits médicaux, pris en charge par l'assurance-maladie, mais de celui de la dépendance. Leur développement correspond autant à un besoin de la population qu’à une volonté politique, concrétisée notamment par la création d’une Agence nationale des services à la personne (ANSP) et par la loi Borloo de 2005 (voir encadré), dont l’objectif est de rendre l'accès aux services plus simple et moins coûteux.
Depuis2005, l’offre a augmenté de plus de 125 % et, en 2007, 127 000 emplois ont été créés dans ce secteur. « Les pharmaciens assurent des services à la personne depuis bien longtemps sans le savoir et sans rémunération, ne serait-ce qu’en acceptant d’afficher dans leurs officines des annonces d’offres ou de demandes de services », remarque Bruno Arbouet, directeur de l'ANSP. Pour remplir cette mission, les pharmaciens d’officines bénéficient d’atouts majeurs et d’une réelle légitimité : leurs officines constituent un réseau accessible, de confiance, qui maille le territoire de manière homogène. « Leur rôle est de faciliter l’accès aux services. Or leur compétence technique et professionnelle fait d’eux un intermédiaire de grande qualité », ajoute Bruno Arbouet.
Une assistance pluridisciplinaire.
Aujourd’hui, deux grands groupes proposent aux pharmaciens de s’engager. Le groupe de protection sociale complémentaire D&O a signé en avril dernier un accord avec la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF), l'Union des syndicats de pharmaciens d'officine (USPO) et l'Union nationale des pharmacies de France (UNPF) pour mener une expérimentation. « Depuis septembre 2008, environ 1 000 officines proposent la DOmissimo Box à leurs clients », se félicite Catherine Abiven, secrétaire générale de D&O. Structure créée à l’initiative du groupe D&O, DOmissimo est la première enseigne paritaire nationale de services à la personne. La Domissimo Box est un boîtier branché sur la ligne téléphonique du domicile du client. Dotée de trois touches préprogrammées, elle permet d’être accompagné et suivi par le conseil et l’assistance de son pharmacien « référent » (touche verte « mon pharmacien »), d’être accompagné par des conseillers DOmissimo pour tous les autres besoins du quotidien (touche bleue « mon conseiller DOmissimo »), et de pouvoir en cas d’urgence (touche rouge « urgence ») être en contact permanent avec une équipe d’assistance qui organisera l’aide dont la personne a besoin en cas d’accident domestique, de chute, de malaise…
Pour proposer ce service à leurs clients, les pharmaciens disposent d’un totem, de PLV, et d’une Domissimo Box de démonstration. « Cela constitue un bon moyen de fidéliser sa clientèle, sans poser le problème de l’encombrement dans l’officine que suppose la mise en place d’un service de maintien à domicile », estime Catherine Abiven. En contrepartie des frais de structure exposés par le pharmacien, DOmissimo s’engage à lui verser une somme mensuelle de 6 € TTC par client abonné. Au titre de la loi Borloo, les frais d’abonnement à DOmissimo Box, d’un montant mensuel de 29,90 €, sont fiscalement déductibles à hauteur de 50 %. Et afin de sensibiliser les clients aux avantages du Chèque Emploi Service Universel (CESU), DOmissimo offre à chaque client, pour la première année d’abonnement, un CESU préfinancé d’un montant de 75 €, émis par ACCOR Services, partenaire de DOmissimo.
Le pharmacien, pivot de la prise en charge.
Le groupe Pierre Fabre et les pharmaciens membres du Cercle du Carla ont de leur côté créé Carladom, pour permettre au pharmacien de s’investir dans ce service aux patients sans y consacrer trop de temps. L’objectif est de permettre au pharmacien de positionner la pharmacie d’officine comme le pivot d’une prise en charge coordonnée des personnes âgées ou dépendantes, en s’appuyant sur des acteurs locaux ou nationaux et en garantissant une même accessibilité à l’information et un même niveau de prestations partout en France. Ces dernières sont d’ordre technique (matériel médical, aménagement du domicile,...), sanitaire et social (aide à domicile, portage de repas et de courses à domicile, garde malade, accompagnement et transport de personnes à mobilité réduite, télé assistance,...). Le principe est simple : à l'officine, le pharmacien recueille la demande du patient, voire l'aide à fixer ses besoins à l'aide d'un formulaire, puis transmet les informations à la plate-forme Carladom qui, après contact avec les prestataires concernés, élabore un devis qu'il retourne au pharmacien. Une fois le devis validé par le patient, Carladom s'engage à mettre en place la ou les prestations demandées à domicile. La plate-forme assure ensuite la gestion administrative et financière des intervenants, ainsi que celles des patients, l'évaluation des prestataires, la traçabilité de l'ensemble des actions menées, grâce au partenariat et à l'expérience de Domiserve+, une enseigne nationale de service à la personne.
Pour Bruno Arbouet, le pharmacien se doit d’être en première ligne dans cet accompagnement de la population, pour légitimer et affirmer sa mission de professionnel de santé, et pour éviter que sa place ne soit occupée par d’autres acteurs.
Reste à régler la question de sa rémunération : les services à la personne ne concernent ni les soins médicaux, ni le matériel, or la réglementation interdit au pharmacien d’avoir une activité autre que celle concernant la prise en charge médicamenteuse et matérielle des patients. Tout l’enjeu consiste donc à harmoniser ces deux réglementations. « Mais je suis convaincu quà terme, les services à la personne seront au coeur du métier de pharmacien », conclut le directeur de l'ANSP.
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