Technologie et santé

Le high tech au service des personnes âgées

Publié le 26/01/2009

Article réservé aux abonnés

Ce high tech que les jeunes générations consomment plus par effet de mode que par réel besoin offre des possibilités immenses pour améliorer et sécuriser la vie des seniors. Grâce à la haute technologie, la frontière entre le domaine du jeu et celui de la santé s’efface.

LE GPS pour ne pas se perdre, l’internet pour rester en contact, la Wii pour conserver une activité physique tout en s’amusant… La haute technologie ne cesse de nous simplifier la vie pour communiquer, gagner du temps et nous faire plaisir. Nous, c’est-à-dire les adolescents et les actifs principalement. Il est vrai que les retraités de plus de 75 ans ne constituent pas pour les industriels de ce domaine la cible commerciale principale, et que les téléphones portables ou les consoles de jeux vidéos ne sont, a priori, pas pensés pour cette population. Pourtant, au-delà de la logique commerciale, la haute technologie offre des moyens formidables tels que la bluetooth, les capteurs électroniques ou l’écran tactile. Des moyens qui, une fois adaptés aux besoins des personnes âgées, permettent d’améliorer leur qualité de vie, ne serait-ce qu’en leur permettant de rester vivre chez eux. Il fallait y penser.

Soprano, un projet d’envergure.

Soprano est le nom d’un projet européen destiné à développer la sécurité sanitaire et l’assistance médicale à distance. Soprano, cela signifie Service Orientated Programmable Smarts Environments for Olders Europeans. Autrement dit, l’objectif de Soprano est de développer les services d’assistance à l’autonomie à domicile, grâce notamment à une collaboration entre industriels, ingénieurs et équipes médicales. Face au vieillissement de leur population, les pays européens ont compris l’intérêt de repousser les limites de l’autonomie des patients hors des institutions de soins, afin de réduire les coûts de prise en charge tout en contribuant à une optimisation de celle-ci.

Attention, chute mortelle.

Avec l’âge, se déplacer devient plus difficile. Paradoxalement, le domicile des personnes âgées est peu adapté à la mobilité réduite, provoquant des chutes souvent fatales. Le projet d’Habitat Intelligent pour la Santé (HIS), mené au sein de la faculté de médecine de Grenoble, a pour objectif de surveiller d’éventuels accidents au domicile des personnes âgées. Des capteurs disséminés dans la maison permettent de relever les mouvements, déplacements ou au contraire une immobilité anormale. Les informations sont relayées par un centre de télésurveillance et, en cas d’anomalie, envoyées à des personnes pouvant intervenir rapidement. L’habitant porte sur lui un actimètre, qui repère les mouvements. L’enjeu est avant tout de mettre au point un détecteur de chute fiable, qui différencie notamment la véritable chute de la position allongée normale.

Si l’on veut aller plus loin, on pourrait même imaginer que les vêtements eux-mêmes fournissent des informations d’ordre physiologique. C’est chose faite avec le projet VTAMN, pour « vêtement de téléassistance médicale nomade ». Grâce à des capteurs physiologiques, des signaux vitaux tels que la température du corps ou le rythme cardiaque sont envoyés à un centre de téléassistance, nuit et jour. Et pour limiter les dommages causés par une chute, des vêtements équipés d’airbags sont à l’étude.

Tenant compte des leçons de la canicule subie en 2003, Serviligne, basé à Nice, surveille grâce à des capteurs thermiques la température intérieure des logements des personnes âgées et les alerte en cas de variations dangereuses pour leur santé. Si une hausse de température est enregistrée, un message d’alerte via la télévision invite la personne à s’hydrater.

Rompre l’isolement.

Dans une société que l’on dit axée sur la communication, l’isolement des personnes âgées est pourtant régulièrement dénoncé. Le téléphone est, avec la télévision, l’instrument le plus répandu et le plus utilisé chez les personnes âgées. Pour rendre encore plus accessible la téléphonie, dont la téléphonie mobile, certains industriels ont inventé le téléphone portable simplifié. Dénommé Bazile, ce téléphone n’a ni écran ni clavier. Il est muni d’une touche unique pour tous les appels et est relié à un centre d’appel disposant du répertoire intégral de l’utilisateur. Si la touche est appuyée pendant plus de 5 secondes, l’appel est directement envoyé aux services de secours.

Pour conserver un lien social, VisAge est un écran de communication interactif simple par internet. Les proches peuvent envoyer des messages toute la journée. VisAge offre aussi la possibilité de rappeler l’heure de prise des médicaments ou l’heure de rendez-vous.

Pour améliorer l’observance, il y a aussi Hebdomedic’s. C’est un plateau de 28 compartiments, soit 4 prises par jour pendant 7 jours. Le plateau pivote et vient se positionner devant une trappe qui se déverrouille à la bonne heure et le bon jour. Il est même possible d’enregistrer un message de consigne tel que : « attention, le comprimé rose se prend au cours du repas ». Le patient est alerté toutes les minutes pendant 45 minutes par un flash lumineux.

Enfin, pour pallier les problèmes d’audition survenant avec l’âge, Siemens a utilisé la technologie sans fil Bluetooth pour mettre au point une prothèse auditive qui se règle automatiquement sur le son de la télévision, de la chaîne stéréo ou du téléphone.

Le cas particulier d’Alzheimer.

Parmi les pathologies les plus handicapantes survenant avec l’âge, la maladie d’Alzheimer est certainement une des plus difficiles à gérer. MemX est un petit enregistreur intelligent permettant à certaines personnes atteintes d’Alzheimer, à un stade précoce, de continuer à vivre seules chez elles. Cet aide-mémoire vocal permet de pallier les fréquentes pertes de mémoire en indiquant aux dates et heures programmées les choses à faire. Les messages sont enregistrés par un proche, ce qui permet au patient d’entendre une voix familière et de le rassurer. Quand MemX sonne, le patient n’a qu’à appuyer sur un bouton pour arrêter l’alarme et écouter le message.

Les fugues des personnes atteintes d’Alzheimer peuvent être fatales. La balise Aloïze intégrant GPS/GPRS permet aux aidants de localiser les malades par internet et par téléphone. L’autonomie est de 4 jours. La totalité du territoire français est couverte.

DAVID PAITRAUD