« LA IATROGÉNIE et la redondance de délivrance de traitements sont responsables de 128 000 hospitalisations et entre 9 000 et 11 000 décès par an », rappelle Jérôme Blo, chef de produit LGPI/CIPGS (Pharmagest Interactive). Tout doit donc être fait pour garantir le bon usage du médicament. Or toute une panoplie d’outils informatiques permet à l’équipe officinale de sécuriser la délivrance.
Le premier est l’accès direct à une banque de données agréée par la Haute Autorité de Santé (HAS), comme Vidal, ou Claude Bernard, qui permet au pharmacien d’accroître sa vigilance en accédant à la monographie officielle des spécialités. Il peut ainsi rapidement détecter par exemple des effets indésirables médicamenteux.
« Avec Winpharma, une couleur apparaît si le produit a déjà été délivré, et une information sous forme de bulle indique les dates des dernières délivrances », note pour sa part Bruno Douillard, pharmacien consultant pour Everys. Un bon moyen de s’assurer de l’observance d’un traitement. Winpharma alerte également l’utilisateur en cas de renouvellement abusif, par exemple d’un hypnotique. Le titulaire peut même faire bloquer la facturation dans ce cas.
Une délivrance personnalisée.
Les logiciels permettent aussi de créer un dossier personnalisé pour chaque client, afin de tenir compte des spécificités de chacun (âge, poids, facteurs de risque, profession, ...) lors de la délivrance. « Avec Léo, le pharmacien peut constituer un Dossier de Suivi Pharmaco Thérapeutique (DSPT) », explique Caroline Desse, chef de produit Léo (Isipharm). Le DSPT permet notamment de renseigner les mesures tensionnelles, mais également les examens biologiques, les hypersensibilités, ou encore les antécédents familiaux. On peut également y stocker un document numérisé. Alliance-Plus et Premium détectent automatiquement les contre-indications et précautions d'emploi par rapport au dossier thérapeutique et au profil patient. « De même, nos logiciels calculent, en fonction du profil staturo-pondéral du patient, la posologie usuelle directement exprimée en unité de prise », note Sophie Roussel, directrice du marketing et de la communication d’Alliadis - Data Conseil. En fonction du profil du patient et des données relatives au produit délivré, le logiciel alerte l’utilisateur en cas de contre-indication. « Ainsi, une alerte automatique se déclenche en cas de délivrance d’un produit contenant du lactose à une personne allergique à cette substance », explique Bruno Douillard pour Winpharma. De même, un outil de gestion des interactions permet de gérer six niveaux d’interactions médicamenteuses, dont on peut paramétrer l’affichage, le niveau, et le délai.
Ce dossier personnalisé permet également au pharmacien de rédiger une Opinion Pharmaceutique (OP), consignée de façon à pouvoir la consulter par la suite, mais pouvant également être envoyée à l’ensemble du personnel soignant le malade. L’OP peut porter sur tous les aspects pharmacologiques, ou consister en une proposition d’optimisation pour le suivi du traitement (problème d’approvisionnement, galénique inadaptée, effet indésirable), ou tout autre élément pouvant influencer la bonne conduite du traitement.
L’édition de fiches, déclenchée par la facturation d’un produit, est un autre outil contribuant au respect de l’observance. Depuis les espaces de vente Alliance-Plus et Premium, l’équipe officinale dispose par exemple de deux bibliothèques de fiches patients en lien direct avec la pathologie du patient ou avec les produits dispensés. Les fiches médicaments apportent des informations relatives à la bonne prise des médicaments délivrés, et les fiches conseil prodiguent des conseils correspondants à la pathologie concernée. Avec Winpharma, des fiches « posologie » peuvent être éditées et remises au patient. De son cpôté, Isipharm développe actuellement un module direct d’aide à l’amélioration de l’observance, grâce auquel le pharmacien pourra imprimer pour son patient un plan de prises. Prochainement, les utilisateurs de Léo pourront aussi identifier les d’ordonnances non renouvelées par les patients possédant des pathologies lourdes ou à risques (diabète, dépression…).
Information et accompagnement.
En partenariat avec des laboratoires, des programmes d’information et d’accompagnement du patient ont par ailleurs été développés et mis à la disposition des utilisateurs du LGPI/CIPGS. « Ces programmes permettent non seulement de disposer de supports d’information, mais permettent aussi de renforcer l’image de pharmacien-conseil, de fidéliser la clientèle, et d’augmenter les ventes sur les dossiers suivis », analyse Jérôme Blo. Une campagne est constituée d’un certain nombre de produits dits « déclencheurs » et d’un certain nombre de fiches-conseils qui peuvent être évolutives lors des renouvellements successifs. L’utilisateur a bien sûr la possibilité de désactiver un programme.
Enfin, le Dossier Pharmaceutique, en recensant tous les médicaments prescrits ou achetés en automédication, délivrés aux patients dans les quatre derniers mois, constitue évidemment un formidable outil de lutte contre la iatrogénie, grâce auquel les pharmaciens peuvent repérer les risques d'interactions et les éventuels traitements redondants, susceptibles d'entraîner des surdosages. Un visuel indique si la délivrance a pour origine une autre officine. L'inscription à ce fichier est libre et réalisée à partir de la carte Vitale de chaque assuré social. Si le patient accepte, un formulaire de consentement, à destination du patient, est alors imprimé.
« Le DP ne permet pas un suivi de l’observance, il n’a d’ailleurs pas été créé à cette fin », avertit Caroline Desse. Il permet avant tout d’assurer un meilleur suivi des patients, surtout si ces derniers ne fréquentent pas toujours la même officine, donc d’éviter la iatrogénie liée au nomadisme. Néanmoins, le lien de confiance avec le patient est renforcé et ceci participe indirectement à un meilleur suivi de l’observance.
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