La dernière étude statistique de KPMG sur les ratios économiques des officines en 2015 analyse dans le détail le chiffre d’affaires, la marge et la rentabilité de plus de 500 officines clientes de ce groupe d’audit, de conseil et d’expertise-comptable*. Concernant l’activité, le chiffre d’affaires total, avec une moyenne de 1 533 300 euros, soit + 0,1 % par rapport à 2014, s’est maintenu en 2015, après deux années de recul. Ce chiffre correspond aux ventes de médicaments et de parapharmacie et aux prestations de services, et comprend les honoraires de dispensation, les rémunérations des services pharmaceutiques et les rémunérations sur objectif de santé publique (ROSP). Mais, selon KPMG, plus de la moitié des officines enregistre une évolution négative du chiffre d’affaires, et, pour un quart d’entre elles, la baisse est même supérieure ou égale à 3,6 %.
Si l’on entre dans le détail de l’activité, on voit aussi que le chiffre d’affaires à taux de TVA à 2,1 % (médicaments remboursables, honoraires compris), qui représente les trois quarts de ventes, régresse de 0,6 % entre 2014 et 2015. Sans surprise, le marché de la prescription continue donc de diminuer. « On peut penser que, sans la nouvelle rémunération, la baisse aurait été plus importante », commentent Patrick Bordas et Joël Vellozzi, responsables de cette étude. En revanche, sur les autres activités taxées à 5,5 et 10 % de TVA - médicaments non remboursables, dispositifs médicaux, produits de la LPPR -, l’activité progresse de 2,6 %. De même pour la parapharmacie et les autres dispositifs et produits non remboursables taxés à 20 % de TVA, dont les ventes augmentent de 2 %. Ces ventes permettent donc de compenser le recul du chiffre d’affaires sur le remboursable et de stabiliser le chiffre global de 2015.
Marge en baisse pour une pharmacie sur deux
Mais plus que le chiffre d’affaires, c’est la marge, qu’on peut appeler également « rémunération officinale », qui est l’indicateur le plus pertinent de mesure d’activité et de performance des officines. En pratique, elle est égale à la différence entre les ventes et les achats, et elle tient compte des autres éléments comme la coopération commerciale et la ROSP, tout en intégrant les honoraires de dispensation sur les médicaments remboursables.
En valeur, cette marge s’élève en moyenne à 490 800 euros en 2015, soit + 0,6 % par rapport à 2014. « Cette augmentation, qui reflète la vraie performance des officines depuis l’année précédente, est à nouveau la plus faible depuis la parution de nos études, soulignent Patrick Bordas et Joël Vellozzi. Elle confirme les difficultés du secteur officinal à retrouver une croissance significative et pérenne. » Signes supplémentaires de ces difficultés, près de la moitié des pharmacies connaît même une baisse de la marge en valeur, et 10 % d’entre elles voient cet indicateur baisser de plus de 6,6 %.
Il faut noter aussi que sur cette rémunération totale, la marge en valeur sur le médicament remboursable n’a que très légèrement progressé en 2015 (+ 0,3 %). Mais que, en revanche, l’évolution des marges est meilleure dans les autres secteurs : + 2 % sur le non remboursable, et + 1 % sur la parapharmacie. KPMG pointe toutefois, sur ces deux derniers secteurs, la poursuite en 2015 d’une tendance baissière du taux de marge (rapporté au chiffre d’affaires).
Au total, cette nouvelle étude montre que les ratios économiques des officines ne sont pas satisfaisants en 2015 : la performance commerciale et de gestion (PCG), qui est l’indicateur mesurant la rentabilité, s’élève à 238 600 euros en moyenne, en augmentation de seulement 0,3 %. C’est, là aussi, la hausse la plus faible jamais enregistrée par les études statistiques de KPMG. Mais elle est logique compte tenu de la faible progression de la marge et de la poursuite de la revalorisation des salaires du personnel en 2015 (+1,6 %).
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